L'histoire :
Pepeto (dit Pepe), 11 ans et des idées de bêtises plein la tête, s’offre une visite du magasin de farces et attrapes en sortant de l’école : les quelques fusées-pétards convoitées valent bien la douloureuse confrontation avec la sorcière qui tient le magasin… Conscient que ses parents ne seront pas du tout d’accord avec cet achat, Pepe traverse prudemment la maison pour cacher ce fabuleux trésor quand… En passant devant le mur du salon, il lui semble voir une statuette, représentant Jésus, lui faire un signe de la main. S’approchant pour la toucher, il se sent inexorablement happé par le mur, pour en être totalement prisonnier. Cris, appels au secours et larmes ne changent rien : Pepeto est désormais seul au monde, emmuré… Quelques temps plus tard, pourtant, un rayon lumineux qui s’échappe par une minuscule fissure lui donne quelques espoirs : il semble ne pas être le seul habitant de cet univers sombre et effrayant. Cependant, à y regarder de plus près et à entendre ces grognements peu rassurants, il n’a qu’une envie : prendre ses jambes à son cou. En s’échappant, il heurte violemment le bêton, ouvre une brèche et déboule tête première dans un univers glacé. En son centre, un immense canard, rigide, majestueux, tout à fait étrange. Mais ce n’est qu’un début…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Edité en 2010 au sein de la collection Blandice, Un regard par-dessus l'épaule reparaît aujourd'hui dans un format légèrement plus petit. C’est à un surprenant voyage que nous convie l’éditeur himself et l’un des auteurs phare du catalogue Paquet. Une de ces balades en effet qui, quelle que soit notre adhésion à la forme narrative choisie, ne laisse pas indifférente et interpelle notre sensibilité. Il faut bien reconnaître que les chemins empruntés par Pierre Paquet s’amusent à nous perdre et à distribuer les pièces du puzzle, que seule la conclusion permettra d’assembler. Le jeu de la relecture s’impose alors pour tenter de découvrir les messages distillés au rythme des métaphores oniriques qui ont accompagné le voyage à l'intérieur du mur du petit Pepeto. Avec beaucoup de pudeur (car au final on est convaincu que le scénariste y a laissé beaucoup de lui-même), on nous laissera d’ailleurs le soin de faire notre propre tambouille pour jeter un œil sur nos propres blessures pas encore tout à fait refermées. Dans ces conditions, l’ensemble ne peut être qu’infiniment touchant et délié avec une telle poésie, que chaque relecture est un régal. Ce besoin de relire n’est certainement pas étranger à la qualité du dessin de Tony Sandoval, véritable métronome poétique et incontestablement au service du récit : toujours aussi violent, toujours aussi adapté à l’univers onirique, mais d’une luminosité inhabituelle, magnifiée par le format d’édition. Ce trait qui entrelace douceur et douleur donne toute sa force à l’histoire de ce petit garçon à tignasse brune qui aide encore à faire grandir… même quand on est déjà bien grand.