L'histoire :
L’arctique, de nos jours. Mancho marche en sifflotant sur la banquise, canne à pêche sur l’épaule. Il croise son ami l’ours blanc Trouvaille occupé à observer le paysage, songeur. Une chose est sûre : ça a drôlement fondue, cette année. On peut penser que ce sont les glaces qui reculent ou que c’est la mer qui avance. Mais le constat reste le même : le climat se réchauffe... Un autre ami manchot décide qu’il est temps d’alerter la population. Le lendemain, il publie un article, mais personne ne semble s’intéresser à ce sujet trop austère. Du coup, il modifie sa Une et raconte la même chose, enrobée d’une histoire de perte de poids : c’est un succès ! Les gens sont prêts à tout, dès qu’il s’agit de (perdre quelques kilos) superflus… Enfin, les frères requins se sont lancés dans la vente de l’eau de fonte. Ils veulent aussi nettoyer la banquise. A cette fin, ils ont inventé un engin motorisé révolutionnaire, sorte de moto-crottes des neiges. Oui mais voilà, quand la mécanique casse, c’est encore plus de détritus ! Bref, quand climat ne rime pas avec profits…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toute initiative citoyenne est bonne à prendre. Et c’est avec sympathie que l’on accueille cette nouvelle publication « sudiste » qui ne manque pourtant pas de « froideur » ! Le duo de L’Age des corbeaux récidive en effet dans le style humour caricatural, mais avec cette fois un objectif beaucoup plus politique (au sens noble du terme). Ecolomancho se présente ainsi, telle une fable animalière, composée d’une succession de brèves autour de la thématique du réchauffement climatique. Si vous ouvrez l’album par la fin, vous en saisirez de suite la conséquence immédiate : la surface de la banquise arctique paraît avoir diminué de moitié en seulement quelques années. Et comme nous autres humains, les personnages mis en scène ont différentes manières de voir les choses : il y a ceux qui désespèrent ; ceux qui subissent ; ceux pour qui le quotidien l’emporte et après tout on verra bien ; ceux qui s’offusquent ; ceux encore qui en tirent profit, etc. L’angle d’approche est résolument engagé à l’instar d’un dessin d’actualité presse, sobre et efficace. Le ton souvent cynique et sarcastique ne perd jamais non plus l’objectif de faire sourire. Avec intelligence et appoint, Jicé et Parno réussissent à préserver un équilibre délicat ni trop donneur de leçon ni trop mièvre. Reste à savoir si le public suivra et espérer que ce premier tome aura une suite. Car il n’est pas faux de dire que le grand-public a tendance à préférer le superflu aux sujets qui fâchent !
