L'histoire :
Dieu a toujours fait un peu n’importe quoi : après avoir créé la vie sous des formes biscornues, avoir tenté des lézards géants un peu nazes et avoir finalement tout gommé (bing, une météorite), il a fait évoluer une musaraigne vers l’homme de Neandertal, jusqu’au joyau qu’est l’homme moderne. Intéressons-nous sur un spécimen de cette dernière catégorie : le dessinateur de BD, soit Victor Walou. Dans la vie, Victor Walou est graphiste-dessinateur-de-BD, soit une profession qui permet de pointer régulièrement au chômage et de s’adonner à la porno-philie devant un écran d’ordi. Parfois, il doit dessiner 10 heures par jour, pour gagner finalement autant qu’un smicard. Victor sait qu’il est de la grosse loose… mais il sait aussi qu’il y a toujours pire. Vu qu’il a du temps, entre deux séances devant Youporn®, il fume des clopes, boit des bières, publie des conneries sur les réseaux sociaux et s’adonne à la cuisine (aïe). Un jour, il décide de prendre son destin en main et de publier son CV-vidéo sur un site d’emploi. Pas de bol, c’est le moment que choisit sa chérie pour lui faire remarquer qu’il a laissé un gros étron flotteur au fond de la cuvette des WC…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand on est un jeune auteur de BD, se lancer sur le créneau ultra galvaudé de l’humour n’est franchement pas chose aisé. Le curieusement nommé « Vermine » a convaincu la petite maison d’édition Pat à Pan avec une recette néanmoins ultra conventionnelle : il raconte en gags d’une page la vie tumultueuse d’un jeune auteur de BD pour lequel il n’est pas facile de se lancer dans la BD… Ça c’est de la mise en abyme ! Vermine emprunte donc largement la voie de l’autodérision, sans avoir peur de la pousser dans les retranchements les moins avouables (le héros est pornographe à tendance alcoolique). Victor Walou est donc sans aucun doute l’alter-ego « empiré » de Vermine. Cependant, l’auteur cerne aussi très justement la galère de cette profession peu lucrative pour les débutants, en ce début de XXIème de crise et de saturation du « marché ». Efficients sans encore atteindre l’impact d’un Bouzard ou d’un Vivès, les ressorts comiques s’appuient toujours autour de ces deux thèmes : Walou est champion du monde des branleurs et son créneau n’est pas porteur. Sur le plan formel, Vermine maîtrise son coup de palette graphique : son dessin vectoriel est accompli, toujours très lisible et caricatural à souhait, complété par une colorisation impeccable. L’édition en elle-même est soignée : album cartonné grand format, avec vernis sélectif sur la couverture. Bref, à part le jeu de mot du titre vraiment convenu, ce premier album est plutôt une bonne entrée en matière. Bienvenue, Vermine !