L'histoire :
Dans la nuit du 3 au 4 avril 2011, Xavier Dupont de Ligonnès assassine dans la plus grande discrétion sa femme et trois de ses enfants à leur domicile familial, à Nantes. Quelques jours auparavant, il avait pris soin d’acheter du béton à prise rapide, du ruban adhésif, des sacs à gravats, une bèche et des sacs de chaux vive. Il venait d’hériter de la carabine de son père et avait aussi acheté un silencieux et des cartouches. Le lendemain de ce quadruple assassinat, il dîne comme si de rien n’était avec son fils cadet Thomas, étudiant à Angers, puis il rentre à Nantes. Le 5 avril, il demande à Thomas de rentrer à la maison… et une fois Thomas rentré, il le tue. Le 7 avril, une voisine le voit en train de faire des allers-retours entre sa maison et sa voiture avec de gros cabas. Le 8 avril, il vide les affaires de Thomas dans son appartement étudiant, et s’en débarrasse. Le 9 avril, il en fait autant avec les affaires de feu son fils aîné Arthur en Vendée. Le 10 avril, il quitte Nantes et prend la route du littoral méditerranéen. Il a pris soin d’envoyer des courriers à ses proches, employeurs et établissements scolaires, expliquant le départ précipité de la famille pour l’Australie à certains, ou la mise en sécurité par la DEA américaine pour d’autres. Il est aperçu une dernière fois en train de s’éloigner dans le maquis, une housse à vêtements à la main, du côté de Roquebrune-sur-Argens (dans le Var)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet ouvrage documentaire fait un bilan à la fois exhaustif et accessible sur ce qui reste sans doute l’affaire policière la plus célèbre du premier quart de siècle du nouveau millénaire : l’affaire Dupont de Ligonnès. Cette affaire est aussi excitante qu’épouvantable. D’une part, parce qu’elle implique un monsieur-tout-le-monde qui pourrait être votre voisin ou votre tonton. Mais aussi et surtout, parce qu’au terme de 13 années de Traque, elle conserve de nombreux mystères. Comment Xavier Dupont de Ligonnès a-t-il pu aussi minutieusement préparer, puis commettre de sang-froid les crimes de ses proches, et enfin rester parfaitement détendu durant la fuite qui s’est ensuivie ? Et surtout, est-il toujours en cavale ou s’est-il supprimé ? En postface, les spécialistes et les proches sont parfaitement divisés entre les deux hypothèses : nouvelle identité ou suicide ? Un aspect est certain : ce quintuple assassinat familial a bien été commis par cet homme acculé de dettes, mais intelligent, retors, manipulateur, mythomane et pervers narcissique. L’ouvrage entremêle des séquences BD, dessinées dans un style semi-réaliste par Valette, et des articles rédigés sur telle ou telle dimension factuelle de l’enquête. L’objectif est de mettre un bilan à la portée du grand-public, de la manière la plus synthétique et néanmoins exhaustive possible. Sur ce plan, c’est parfaitement réussi. Le scénario / découpage narratif est assuré par Olivier Petit himself (l’éditeur), qui déroule à son maximum un à un tous les fils de l’enquête. Outre les faits et les issues probables, l’ouvrage évoque les amis et éventuels complices, la cyber-enquête menée collectivement par une horde de passionnés, les troubles religieux ou sectaires de cet assassin, la méprise de 2019 quand la police de Glasgow a arrêté un quidam, et la probable inspiration de ce psychopathe (un crime similaire en tous points a été commis aux USA en 1971). On en ressort évidemment bien plus au fait de l’enquête, mais néanmoins totalement circonspect et épouvanté par ses mystères.