L'histoire :
Driss marche en pleine heure de pointe dans le métro pour aller au boulot. Il n’a pas ses papiers et bien sûr, c’est pile le moment où il y a la police. Évidemment, ils font des contrôles ciblés et pendant que certains passent sans encombre, lui n’a pas cette chance. Ils l’embarquent, même s’il essaie de se défendre. Dans le panier à salade, c’est les mots racistes comme « bicot » qui le font sortir de ses gonds. En plus d'un défaut de papiers, il se rajoute un outrage à agent de la fonction publique. Il va passer quelques jours en cellule pour méditer sur ses actes. Alors oui, les informations ont raison : il y a de l’insécurité partout dans les banlieues. Et a force de le dire, on finit par y croire et ce concept finit également par devenir réel. N’oublions pas non plus la discrimination à l’embauche. Malgré le taux obligatoire d’employés issus de la diversité, beaucoup d’entretiens sont orientés et il est difficile de trouver un job dans certains endroits quand on est d’origine maghrébine. Pourtant, les lois ont évolué et elles interdisent ce genre de pratique. Mais entre les règles et la réalité, il y a un monde...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre est choc et accrocheur. Il annonce également la couleur. Cet album est un petit brûlot qui a pour objectif de casser nos représentations stéréotypées sur la banlieue. Si l’objectif est louable, voire indispensable, la forme est peut-être un peu abrupte. Sans concession, les auteurs listent tous les clichés et thématiques autour de la banlieue. Médias, délinquance, radicalisation, chômage, immigration, émeutes, violence policière, discrimination… Sur chaque thématique, quelques planches de bande dessinée servent à donner un exemple concret. Puis chaque thème est explicité par des textes, façon exposé et inventaire. On sent la colère à chaque page et le propos devient vite ultra engagé et très politisé. Qu’on s’entende bien : ceci n’est pas un avis subjectif sur des convictions politiques personnelles qui seraient différentes, mais bien un ressenti un peu gêné sur une forme trop « radicale ». Le ton est revendicateur et brut de décoffrage. Tant et si bien que, même si certains faits sont vrais, le message hyper orienté (et pas toujours très objectif) a du mal à passer. C’est bien dommage car, en effet, il est nécessaire que la vision de la société sur les banlieues, les maghrébins et les religieux changent... mais peut-être pas sous cette forme finalement toute aussi agressive que celle des médias qui font leur sel des caricatures sur ces quartiers. En revanche, le dessin de Jonas Ritter fait bien le job, avec un style mi-réaliste mi-caricatural particulièrement efficace pour ce genre d’exercice. Malheureusement, ce docu-BD rate son but et ne s'adressera qu'à une frange minime de militants qui n'en ont pas besoin.
