L'histoire :
La veille de Noël 2019, Georges Champigny, conseiller du Président de la République Française, arrive au palais de l’Elysée, pour assister à un conseil de Défense. Alors qu’il prépare ses dossiers, il reçoit un coup de fil de son homologue à Taiwan, Lin. Ce dernier l’informe d’un inquiétant virus, un nouvel agent infectieux totalement inconnu qui a plongé deux de ses ressortissants entre la vie et la mort, victimes d’une pneumonie foudroyante. Or le secret semble bien gardé sur l’origine de ce virus, y compris en provenance du laboratoire P4 de Wuhan, en Chine, spécialement conçu pour étudier les virus de manière hyper sécurisée. Deux heures plus tard, Georges évoque ce problème avec le président, qui lui demande d’enquêter sur le sujet, en dépit des critiques de quelques ministres. Car tous se souviennent du précédent virus asiatique qui a coûté plus d’un milliard d’euros en vaccins… qui se sont avérés inutiles. Quelques heures plus tard, Georges appelle sa copine Jeanne Brun, épidémiologiste à l’hôpital de la Timone à Marseille. Elle l’informe qu’elle a un cas bizarre de patient branché sur respirateur artificiel dans son service, un marin d’un super-container en provenance de Hong Kong, atteint d’un mal mystérieux dont ils ne connaissent pas la souche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Puisque c’est sa fonction, la page de garde met en garde : « Le récit est inspiré de situations et de faits réels. Il s’agit cependant d’une œuvre de fiction pour laquelle les personnages, les lieux et certains faits ont pu être modifiés par la vision des auteurs ». Tu m’étonnes Simone ! Le récit mis au point par Olivier Darrason et Renaud Girard, et adapté au format BD par Eric Corbeyran, nous retrace tout bonnement la crise du / de la covid, au plus authentique de ce que nous avons tous vécu… Mis à part que la narration ne se place pas cette fois de notre point de vue de citoyens. Nous suivons en effet la crise depuis le cœur du pouvoir et au cœur de la recherche vaccinale. En somme, dans l’antre sacrée des secrets d’Etat, les vrais, les faux et les fantasmés. Les personnages ont donc tous des homologues réels, mais leurs noms sont fictifs. On comprend bien que l’objectif n’est pas d’incriminer quiconque, de quoi que ce soit, mais de rester dans le registre confortable de la fiction… mais de la fiction crédible. Et, au passage, de pouvoir avancer sans crainte d’accusations fallacieuses la théorie vraisemblable de l’infection mondiale par une fuite du fameux laboratoire P4 de Wuhan. Se replonger dans le fil des évènements que nous avons tous vécus par le prisme médiatique interposé met plutôt mal à l’aise. D’une part, parce que l’époque a été réellement tragique ou du moins angoissante, et que son souvenir est encore récent ; d’autre part parce que cette relecture fraye avec ce qui reste à ce jour une théorie du complot, ballotée par les manipulations médiatiques, politiques et scientifiques de tous bords : le labo de Wuhan est-il vraiment responsable du covid ? Le malaise est d’autant plus fort, que cette relecture est ici extrêmement bien documentée et tout à fait réaliste. C’est donc un sentiment mitigé qui s’empare du lecteur au sortir de cet album de 120 planches dessinées par le serial-artiste de BD Luc Brahy, dont le trait tend cette fois vers le semi-réalisme.