L'histoire :
Aujourd’hui, en 2005, on fête les 100 ans d’Allan Karlson à la maison de retraite de Malmköping (en Suède) où il finit ses jours. Mais alors que le gâteau et les journalistes sont prêts, le vieux est introuvable. Il s’est fait la malle, en charentaises, en passant par sa fenêtre (du rez-de-chaussée !). Tranquillement, à la vitesse que lui permettent ses vieilles jambes, il rejoint la gare routière, après une pause au cimetière. De là, il prend le premier bus en partance pour n’importe où… après avoir subtilement subtilisé une valise à un voyageur en perfecto : il lui a proposé de la garder, pendant que le gars faisait une pause aux toilettes. Mais sans scrupule, Allan s’est barré avec la lourde valise à roulettes. Et maintenant, le jeune est très énervé, car la valise contenait 50 millions de couronnes, fruit du narcotrafic. Le vieil Allan descend à Byringe et se traine jusqu’à la gare. Au premier type qui lui ouvre sa porte, il explique franco : « Je m’appelle Allan, j’ai 100 ans et je viens de fuguer en volant une valise ». Le jeune gars est franchement sympa : il l’accueille pour la nuit, avec du schnaps. Ensemble, ils neutralisent le blouson noir qui a retrouvé leur piste et le foutent dans un frigo. Puis ils se barrent via la voie ferrée et font une halte providentielle chez une certaine Gunilla, enrobée, en jogging-claquettes, propriétaire d’un éléphant et victime d’un syndrome de la Tourette…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Allan a 100 ans, mais il a traversé le XXème siècle en vivant 1000 vies, en côtoyant les plus grands, en traversant tous les pays… autant dire que le gâteau d’anniversaire offert par l’EHPAD ne l’excite que très moyennement. Alors il se barre et, sans scrupule, il tente une énième dernière aventure ponctuée de rencontres providentielles. Car à l’instar de Forest Gump, dont cette histoire se rapproche tout de même beaucoup, Allan a malgré lui beaucoup pesé sur la destinée géopolitique du monde, malgré son inculture, en rebondissant sans cesse de coups de bol en opportunités improbables. Il a ainsi inspiré la bombe atomique, conseillé Harry Truman, Staline, Mao Zedong, Kim Jung Hun, Churchill, De Gaulle, il a été au goulag avec le frère d’Einstein et fait exploser pas mal de ponts et de bâtiments. Taillefer adapte ici le roman de Jonas Jonasson, qui ne se pose pas trop de question de réalisme pour faire avancer un récit contemporain mais rocambolesque à souhait (ex : quand le centenaire, ses amis et leur éléphant à bord d’un bus percutent le 4x4 d’un narcotrafiquant en colère). Le récit alterne ainsi régulièrement le dernier baroud d’honneur d’Allan centenaire au présent, et ses souvenirs de globetrotteur expert en explosif, en flashbacks. C’est divertissant, expéditif et donc fun sur le plan narratif, mais décevant de la part du dessinateur Grégoire Bonne, qui nous avait habitués à des prouesses chez Mosquito. Son dessin semi-réaliste – encré et complété d’aplats numériques – alterne le photoréalisme recopié et le minimalisme rapide et avare en décors.