L'histoire :
Benoît Lorand, flic aguerri, se réveille dans une cave, à même le sol. Il est enfermé derrière d’épais barreaux, prisonnier d’une cellule. Il essaie de rassembler ses esprits pour comprendre comment il est arrivé là. Soudain, une lumière s’allume dans la descente de cave. Une jeune femme lui demande s’il arrive à se souvenir… Oui, la mémoire lui revient progressivement. Il a rencontré et séduit cette rousse sexy dans un bar. Il l’a raccompagnée chez elle et la nuit promettait d’être torride. Elle s’appelle Lydia et elle a drogué son verre de champagne. Elle l’a enfermé là pour le torturer psychologiquement. Elle cherche visiblement à se venger de quelque chose. Mais de quoi ? Lorand ne comprend pas. Ou bien il fait mine de ne pas comprendre. La belle rousse le regarde s’énerver en fumant une cigarette, bien décidée à le laisser mariner le temps qu’il avoue ce qu’il a fait. Elle s’éclipse et le laisse dans le noir sans eau et sans nourriture. Le lendemain, elle revient pour discuter, toujours avec une acrimonie nimbée d’extase de le voir souffrir. Lorand a beau fouiller sa mémoire, il ne comprend pas ce qu’il a pu faire de travers envers elle, ou un de ses proches, pour mériter pareil traitement. Pendant ce temps, les collègues flics de Lorand s’inquiètent de sa disparition et lancent une enquête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, Les morsures de l’ombre est un polar de Karine Giébel, un thriller psychologique en forme de huis clos, proche dans son pitch du célèbre Misery de Stephen King. Ici, un flic se réveille prisonnier d’une femme… folle ou avide de vengeance ? Comme dans Misery, il cherche à comprendre ce qu’il a fait pour mériter ça, les éventuelles failles dans le processus intellectuel de sa tortionnaire et le moyen de se sortir de là ! Et tout comme lui, vous découvrirez les raisons de cet emprisonnement, progressivement, au terme du dialogue tendu qui s’installe sur plusieurs jours entre lui et cette Lydia. En marge du huis clos dans la cave de Lydia, qui représente 80% des planches, les collègues du commandant Lorand mènent leur propre enquête en dehors, pour le retrouver. Ces séquences apportent un peu d’air, mais aussi – et c’est malin – elles brouillent les pistes. Bref, la matière première est propice à l’installation rapide d’une ambiance pesante, jusqu’à la dernière planche. L’adaptateur Miceal Beausang O’Griafa s’emploie à faire mijoter le lecteur, comme dans le roman initial, autour de l’innocence ou de la culpabilité du flic. Ce dernier est associé pour le dessin à Xavier Delaporte, dont les encrages réalistes collent fort bien à l’ambiance hard boiled. On pourra regretter l’aspect photographique figé et impersonnel de ce style graphique, mais il se marie fort bien avec le découpage et les cadrages souvent serrés sur les personnages et le traitement colorimétrique en quelques teintes ternes en aplats.