L'histoire :
La mort hante la vie de Joseph Vaughan depuis ses 13 ans. Depuis qu’un premier corps de fillette, violée et assassinée, est retrouvé à proximité de la ferme d’Augusta Falls (Géorgie) où il vit, seul avec sa mère, veuve. Certains suspectent déjà un nègre. D’autres se persuadent que le meurtrier est Gunther Kruger, un allemand expatrié ici avec sa famille. Évidemment, nous sommes en automne 1939 et Hitler vient de déclarer la guerre au reste de l’Europe. Joseph connaissait bien la victime, Alice Ruth. Il en était même un peu amoureux… Neuf mois plus tard, c’est au tour de la jeune Laverna Stowell d’être retrouvée nue, écorchée, violée et assassinée dans un champs. Un tueur de fillettes semble être à l’œuvre et la police compte bien l’arrêter au plus tôt. Tout le voisinage passe à l’interrogatoire. Joseph est ecœuré. Comment peut-on s’adonner à pareilles atrocités ? Pour autant, la vie doit continuer. Joseph nourrit quelques talents pour l’écriture. Son institutrice l’encourage à participer à un concours… qu’il ne gagnera pas, mais son œuvre de 2000 mots sera remarquée. En juin 41, six mois jour pour jour avant que le Japon attaque Pearl Harbor, le corps d’une troisième fillette est retrouvé, à moitié enterrée : Ellen May Levine, elle avait 7 ans. Puis en mars 42, c’est Catherine Wilhelmina, 8 ans, qui est découverte dans un marécage, décapitée. Cette fois, c’est juré, il faut débusquer le monstre. Joseph et ses copains passent un pacte de sang : ils se jurent de protéger toutes les fillettes du patelin. Ils organisent entre eux des rondes nocturnes dans Augusta Falls…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, Seul le silence est un roman de Roger Jon Ellory, un thriller qui a été vendu à plus de 430 000 exemplaires et qui a reçu le Prix du Roman Noir Nouvel Observateur en 2009. Cette histoire de tueur de fillettes débute en 1939 et ne trouve son dénouement que 30 ans plus tard, dans les 3 dernières pages – comme tout bon polar qui se respecte. Fabrice Colin en réalise l’adaptation en conservant minutieusement le suspens, ainsi que la qualité littéraire d’un récit essentiellement off, qui se révèle essentiellement dans des encadrés narratifs. Le lecteur s’assimile ainsi au jeune Joseph qui, dès ses 13 ans, se retrouve mêlé à cette affaire de tueur en série, qui le touchera de trrrrès près (mais on ne vous dira pas en quoi). Qui est coupable ? L’allemand expatrié qui couche avec sa mère ? Le gentil voisin compréhensif ? On peut aussi suspecter Joseph d’avoir une double personnalité… Le mystère de cette affaire d’une noirceur absolue est savoureusement entretenu et accompagné par un dessin non moins délicieux signé Richard Guérineau, au sommet de son art. Le dessinateur des Stryges semble trouver une seconde vie à travers des adaptations en one-shot. Son dessin léché et sa colorisation sobre font la part-belle à l’Amérique rurale du milieu XXème siècle, sans oublier de nous rendre les personnages attachants. 109 pages de bonheur intégral pour les amateurs de polar.