L'histoire :
En 1798, Bonaparte a 28 ans et il est auréolé de sa campagne victorieuse en Italie. Son ambition dérange quelque peu le Directoire, qui décide de l’éloigner de France. Talleyran (alors ministre des relations extérieures) lui propose ainsi le commandement d’une armée d’Egypte. L’idée est d’en finir avec la suprématie maritime des anglais, notamment en Méditerranée, où la France pourrait renforcer son influence sur la route des Indes et en profiter pour libérer les égyptiens de la domination turque. Bonaparte n’est pas dupe de la stratégie d’éloignement… mais il est aussi cultivé et décide d’accepter, notamment en accentuant le but culturel et symbolique de cette campagne vers le berceau de l’humanité : à deux pas de Jérusalem, au pied des Pyramides. Il exige d’emmener des scientifiques, des géomètres, des artistes, des botanistes, des géographes, des ingénieurs… Il s’ouvre de cela à son fidèle Lannes, en lui demandant de préparer la dimension militaire de l’expédition, dans le plus grand secret : même les soldats ignorent où ils partent, lorsque les 400 navires prennent le large depuis Toulon. Première étape : Malte. Après deux jours de siège, ils prennent aisément la ville fortifiée de la Valette et libèrent les esclaves. Bonaparte y instaure un code de la famille, nationalise tous les habitants et bannit les privilèges féodaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au sein de la collection des Grandes batailles de l’histoire de France, La campagne d’Egypte menée par le général Napoléon Bonaparte en 1798 et 1799, soit quelques années avant qu’il s’auto-couronne empereur, fut une défaite sur le plan militaire. Mais cette expédition reste majeure car elle eut tout de même bien des vertus : sur le plan social et politique, elle permit de rendre aux égyptiens leur pays phagocyté par les mamelouks (des esclaves turcs affranchis) et d’en structurer quelques pans (hôpitaux, imprimeries, le « Diwan »…). Sur le plan économique, elle ouvrit la voie au creusement du canal de Suez. Sur le plan culturel, elle permit la découverte de la pierre de Rosette, le déchiffrage des hiéroglyphes et déclencha une puissante passion française pour l’égyptologie. Sur le plan artistique, les peintres offrirent à la postérité de magnifiques fresques. Tout cela est abordé dans cet album de vulgarisation historique très laborieux. Pascal Davoz récite la leçon de manière chronologique, mais fort peu immersive, sans oublier de rattacher les évènements au prisme religieux – l’ADN des éditions Plein Vent. En synthèse : la religion, quelle qu’elle soit, doit être respectée car elle structure le peuple. En revanche, à de nombreuses reprises, les illustrations très réalistes de Massimiliano Notaro, à l’académisme documenté mais redondant, ne correspondent pas du tout aux encadrés narratifs ou aux dialogues. Les personnages historiques évoquent ainsi rapidement des faits, des décisions ou des batailles majeures, sans que le visuel ne permette leur impression rétinienne. Ou encore, ça commence par Bonaparte qui discute en décembre 1797… dans un jardin d’été avec des feuillus en feuilles. Bonaparte et ses généraux sont majoritairement représentés en train de poser, parader ou palabrer. Quelques belles séquences de batailles et l’explication de la stratégie militaire des assauts en « carrés » s’avèrent tout de même intéressants.