L'histoire :
En 1248, Jean de Joinville, sénéchal de Champagne, a réuni ses vassaux en son château. Il leur annonce qu’il a décidé de rejoindre la croisade que lance Louis IX (alias Saint Louis) vers la Terre Sainte, afin d’en chasser l’armée constituée par le sultan Al-Sâlih Ayub. Ses troupes sarrasines ont pillé, violé, massacré et profané Jérusalem… Il est nécessaire d’intervenir tant qu’il reste des comptoirs chrétiens. Saint Louis est allé jusqu’à s’allier avec le grand-Khan pour constituer son armée de contre-attaque. Mais les troupes mongoles tardent à arriver. De son côté, Jean de Joinville a engagé une partie de ses terres pour financer la campagne… mais ses finances sont faibles. Saint Louis a conscience de cela et il participe donc au renflouement de ses caisses. Ainsi, en mai 1249, les navires royaux font route vers Damiette (Égypte). Hélas, une tempête réduit considérablement l’armada. Saint Louis décide néanmoins de ne pas attendre d’éventuel renforts et de passer à l’attaque. Il sait le sultan malade et de fait, son armée hétéroclite quelque peu affaiblie et incontrôlable. Effectivement, les troupes de Saint Louis s’emparent relativement facilement de Damiette, qui n’oppose quasiment pas de résistance. D’aucun pense que le sultan a succombé à la maladie. L’armée royale se renforce alors avec les troupes d’Alphonse de Poitiers. Saint Louis hésite sur la stratégie pour la suite : Alexandrie où Le Caire ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour nous accompagner au cours de la 7ème croisade, engagée par Saint Louis pour libérer Jérusalem en 1248, Robert Paquet, en auteur complet, nous propose de suivre un de ses seigneurs les plus fidèles et dévots, Jean de Joinville. Rien de plus logique, étant donné que les éditions Plein Vent / du Rocher sont une émanation du catholique éditeur Elidia. Plus étonnant est l’auteur complet, qui s’occupe donc du scénario et du dessin : Robert Paquet est d’ordinaire plus habitué à nous faire faire des tours de piste avec Michel Vaillant ou sur le circuit des 24h du Mans ! Changement d’époque et de moyen de locomotion pour l’auteur belge, qui semble avoir été animé ici de deux ambitions diversement motivées. Sur les 13 premières planches (colorisées par Tanja Cinna), en effet, le dessin encré réaliste est minutieux, besogné, juste, dans la veine des grands classiques de la BD historique. Le château de Joinville, les voiliers, l’attaque sur Damiette… sont autant de cases vraiment réussies. Et puis sur les 33 pages suivantes (colorisées par Nancy Delvaux), le trait est plus rapide, plus automatique… plus bâclé ? Comme le montrent des expressions faciales grimaçantes, des proportions ratées, des scènes de combats improbables, des perspectives et des profondeurs naïves... C’est désarçonnant. Est-ce vraiment le même dessinateur ? Ça n’est totalement catastrophique pour autant, mais cette rupture flagrante, ajoutée à un scénario décousu, dispercé et technique (des dates, des noms, des descriptifs plombants, des digressions…) et un découpage narratif qui manque cruellement d’immersion, ne permet guère de s’enflammer pour cette 7ème croisade pour le moins aventureuse.
