L'histoire :
Triton : un marin abandonne sa femme sur le rivage et part en mer pêcher le poisson. Mais les vagues se déchaînent alors qu'un mystérieux homme-poisson surgit des abîmes...
Hôpital colonial : Sur le pont d'un bateau, un homme rêve puis rejoint un hôpital perdu au milieu d'un désert. Là-bas, il pratique des autopsies qui lui donnent la migraine alors qu'une épidémie avait décimé les populations peu avant...
Triton II : Un homme musclé émerge de l'eau puis rejoint une femme (sa femme ?) qu'il met aussitôt enceinte...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tommi Musturi et Matti Hagelberg en Finlande, Rikke Bakman au Danemark ou encore Liv Strömquist en Suède ont montré qu'il existait une BD indépendante scandinave ou nordique de qualité. Le Suédois Knut Larsson ne s'écarte en rien du chemin tracé en livrant quatre histoires courtes et muettes navigant aux frontières du surréalisme et de la poésie, d'où sourd une froide et inquiétante étrangeté. Une planche par page fourmillant de détails, des symboles à déchiffrer (voir les nuages aux formes suggestives dans Triton II) et des récits volontairement mystérieux se conjuguent à un graphisme léché et stylé : formes géométriques, corps musculeux, visages disproportionnés. L'auteur sait nous faire entrer dans son univers onirique par la force évocatrice de son dessin et ses planches pleine-page. Seul bémol : la brièveté du livre. Du coup, il s'appréhendera par une assimilation lente nécessitant plusieurs lectures, histoire d'en saisir toutes les subtilités et de nuancer son interprétation. La grande qualité du livre étant de laisser toutes les portes ouvertes au jugement du lecteur. Au final, une vraie réussite de la part d'un auteur méconnu chez nous.