L'histoire :
Dans une série de petites histoires satiriques, Pat Lacan croque les défauts de notre société : un homme seul refuse la folie de la Saint Valentin et ses effusions d’amour, mais il se fait harceler violemment… A la plage, un homme a le malheur de prendre la « place » d’un couple renommé de la région… Des citadins ont trouvé la solution contre la nuisance des gens : pour éviter de croiser les autres, rien de tel qu’une mini maison bétonnée pour chaque personne quand on sort à l’extérieur… Un homme découvre les joies de Faceboc au détriment de tous ceux qu’il aime… Un chirurgien a une drôle de façon de se préparer à une sérieuse opération… Même à Roland Gravos, les joueurs peuvent péter un plomb… Une compagnie de fête foraine a une façon bien à elle de recruter un nouvel employé pour le stand de tir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout droit sorti du journal Psykopat, Patrick Lacan attaque à boulets rouges avec un florilège d’histoires décapantes au goût amer et au ton férocement violent. Chaque histoire divisée en une, deux, voire trois planches, est l’occasion de mettre en avant les travers de notre humanité. Dans ce domaine, chacun en prend pour son grade : du CRS au politicien véreux, du plagiste beauf à la vieille dame aux pratiques sadomasochistes, du bourgeois parisien au docteur déjanté… Personne n’est épargné et Lacan ratisse large, à grands coups de serpes. Le message est clair : l’humanité est un fléau et l’auteur le prouve avec une histoire sordide où des extraterrestres font une bonne action en se débarrassant des derniers restes d’humanité… Digne héritier d’un Plantu ou des auteurs de Charlie Hebdo, Lacan ne fait pas dans le détail avec des histoires d’une ironie acide. Souvent empruntes d’un double sens, ces mini récits dénoncent les horreurs humaines dans une fausse naïveté qui décuple l’ironie acerbe. On rit très jaune et l’humour peut parfois déranger, mais le talent explosif de Lacan fait effet. La violence de son humour agresse nos petits travers et la stupidité de notre société. On reconnaîtra également quelques visages qui ont fait l’actualité récente : Kadhafi côtoie les amateurs de free hugs… Le dessin au vitriol sert parfaitement le vaste travail de sape de Lacan. Les grands aplats noirs détruisent les visages et le trait est nerveux tout en étant précis. Une illustration qui colle donc parfaitement au ton de l’auteur. Cette BD agressive n’est pas toujours de très bon goût, mais elle ne laisse pas insensible par son originalité et sa violence. Une baffe qui fait du bien, en quelque sorte !