L'histoire :
En ville, une bête mouche fait un carnage. Elle fonce sur les gens, elle pulvérise les baies vitrées des buildings de bureau, elle fait des strikes avec les voitures de police qui tentent de l’arrêter… Rien ne semble pouvoir stopper sa folie destructrice. Elle va jusqu’à virevolter autour du guitariste star qui se trouve sur scène au festival de Zazz. Depuis un hélicoptère, un négociateur des forces spéciales d’intervention tente bien de la menacer : elle lui répond avec une pancarte : « Va chier ». Toute tentative d’utiliser une arme à feu se solde par une catastrophe : la balle ricoche sur une colonne technique, qui s’effondre et écrabouille le guitariste, sa guitare gicle en l’air dans les pales de l’hélico, qui vient se crasher dans le public. Une nuit passe après cette tragédie. Le festival doit être annulé, le maire est désespéré, il craint pour sa réélection. Mais le lendemain, la mouche n’en a pas terminé avec son terrorisme actif. Elle continue de renverser vélos, piétons, voitures… Les médias télévisés se mettent en édition spéciale permanente. La secrétaire du maire ne voit qu’une solution pour faire cesser ce bordel : faire appel au Mouchequetaire. Le maire le mobilise aussitôt et il vire le sergent Serge, jusqu’alors responsable de la sécurité dans sa bonne ville de Mourrial…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si on accepte le minimalisme du dessin, si on accepte le classicisme de la narration, si on accepte les longueurs d’un récit linéaire et rocambolesque, si on est à l’aise avec les dialogues et expressions typiquement québécoises, on peut traduire de ce scénario une « satire grinçante du capitalisme tardif et du consumérisme ambiant ». Si si, c’est l’éditeur Pow Pow qui le dit ! Bon, le lecteur distrait constatera surtout qu’Antonin Buisson ne manque pas d’imagination pour faire avancer un peu comme ça lui vient une idée de départ burlesque : une mouche très très forte fout le barouf en ville. Une mouche qui ridiculise les forces de police et qui se retrouve traquée par un ennemi humain dont c’est le job de lutter contre les mouches psychopathe, d’où son nom-valise de Mouchequetaire. L’auteur canadien utilise un découpage en gaufriers avec des cases aux bords arrondis, au sein d’une mise en page au format paysage (en général deux lignes de 3 cases), le tout véhiculant un dessin ultra stylisé (les personnages ont des ronds à la place de la tête, sans aucun élément de visage), en noir et blanc. Et puis soudain, au besoin de la course-poursuite interminable entre le Mouchequetaire et son ennemie la mouche, il se permet des cases pleine page dans un style semi-réaliste tout à fait convaincant (ex : quand il passe à travers la vitre), qui prouve son plein potentiel pour une BD un peu plus élaborée.