L'histoire :
En l’an de grâce 1047, un page pénètre en catastrophe dans la salle du trône du baron Emerard de Faucigny. Il lui annonce une terrible nouvelle : le dragon est de retour ! Le baron fait aussitôt envoyer la troupe. Il regrette d’avoir dû rouvrir « la porte », par lequel le dragon est assurément revenu. Au même moment, le jeune Quentin, son grand-père Louis et leurs quatre amis se téléportent accidentellement à cette époque, dans les estives, à l’aide de l’invention révolutionnaire de papy Louis. Ils débarquent de l’an 1886 et pensaient retourner dans leur bon vieux XXIème siècle… Mais ils n’ont guère le temps de se poser trop de questions, qu’ils sont déjà attaqués par un ours. Heureusement, un courageux berger local, coiffé d’une dépouille et d’une tête d’ours, s’interpose et met en fuite le plantigrade. Il se présente ensuite : Anselin Muffat. Il est ainsi habillé en mémoire de son aïeul qui, jadis, s’était attaqué au dragon qui ravageait la région, en compagnie d’un certain Grosset. Ensemble, ils avaient tendu un piège de cordes dans une rivière, ce qui avait permis d’immobiliser la bête et de l’empêcher de cracher son feu. Grace à leur exploit et à leur célébrité, ils devaient être considérés comme les fondateurs de Mégève…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Actuel maire de Praz-sur-Arly – commune et station de ski dans le domaine du Mont Blanc – Yann Jaccaz se mue une seconde fois en scénariste de BD pour promouvoir son patrimoine et ses légendes locales. Après nous avoir emmené sur la piste des contrebandiers du XIXème siècle, il emmène cette fois son équipe de touristes temporels jusqu’au haut-moyen-âge. C’est en effet à quelques encablures de l’an mil, alors que la région était sous l’autorité du baron de Faucigny, qu’un dragon légendaire fut combattu et neutralisé par deux héros, contribuant à créer la ville de Mégève. Trimballée par les racontars à travers les siècles, la légende a cet aspect flou pratique de pouvoir être distordue et recréée à satiété… Jaccaz ne s’en cache d’ailleurs pas en postface. L’intention culturelle est aussi louable qu’inventive, sans oublier son paramètre promotionnel : le sympatoche dragon emblème de la station a été mis au point par la dessinatrice Myriam Bouima. Au fil de la BD, celle-ci maîtrise les expressions de sa bestiole, et montre une seconde fois son savoir-faire pour les cadrages et le découpage séquentiel (serré !). Le mini format d’édition ne lui permet cependant pas de s’attarder sur les finitions. Hélas, Jaccaz charge vraiment la mule en voulant relier trop d’anecdotes locales à trop d’aventures fantastiques tarabiscotées et… bancales. Chasse au dragon, quête de pierre magique, ouverture de porte vers un autre monde, flashbacks didactiques… Sans oublier qu’il s’agit d’animer un dragon certes effrayant, mais aussi et avant tout sympatoche ! On se perd tout autant dans les tenants et les aboutissants de cette vague catéchèse alpine-tolkenienne, que dans la psychologie minimaliste de personnages bon-enfant.