L'histoire :
Maialen et sa tante Bego rendent visite à Marina, la grand-mère qui est en maison de retraite. La rencontre commence par une réprimande de Marina à sa fille. Elle lui reproche d'être abandonnée dans un asile. Elle s'est bien occupée de sa propre mère jusqu'à sa mort. Oui et ça l'avait beaucoup fait pleurer, lui rappelle sa fille qui lui demande de ne pas leur compliquer la tâche. Puisque c'est comme ça, la vieille dame menace de tout donner à des œuvres de charité. Et la dispute continue jusqu'au départ de Bego. Une fois grand-mère et petite fille restées seules, l'atmosphère se détend et Marina aborde avec sa petite fille le sujet de son homosexualité, en lui proposant d'épouser Ruth son amie si proche. Surprise et un peu gênée, Maialen lui demande depuis quand elle sait... Depuis toujours, répond la vieille dame. Puis elle veut savoir ce qui l'amène, puisqu'elle vient toujours pour une raison précise. Après avoir vainement prétendu le contraire, Maialen avoue : c'est pour l'appartement de Bilbao...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A partir d'une simple histoire d'héritage en devenir, Javier de Isusi élabore un scénario qui mêle les destins croisés de plusieurs migrants des XXème et XXIème siècles. Asylum commence par une mamie en colère parmi tant d'autres dont on comprend peu à peu l'énervement. Sa jeunesse passée à fuir les franquistes et à voir ses proches tomber au gré des bombardements aveugles, pourrait à elle seule pardonner son esprit révolté. Puis vint le temps de l'exil, comme pour les autres protagonistes de cet album poignant, qui rejoignent le récit au moment clé du « départ en laissant tout derrière ». Aina quitte le Nigéria pour ne pas être, à 15 ans, la troisième femme d'un vieux de plus de quarante ans. Anza fuit la guerre au Congo. Christopher, lui, c'est l'Ouganda où les homosexuels sont traqués, arrêtés et finalement tués en prison. Imelda du Mexique ne voulait juste pas allonger la longue liste des « disparus ». Et ce n'est que le début, puisque la suite est toujours difficile et dangereuse, souvent mortelle pour de nombreux candidats. Le trait nerveux, parfois presque schématique pour certains décors et paysages, est rehaussé par une jolie palette exploitée avec justesse dans des lavis tantôt torturés tantôt lumineux. Asylum est un témoignage important qui porte un message tout aussi important sur la vie des autres, celle qu'on oublie trop facilement dans notre quotidien hyperbooké et overconnecté.
