L'histoire :
Ceux qui l’ont fait, savent que traverser des continents ne garantit pas la rencontre avec l’altérité. Au bout du chemin, vous avez toutes les chances de ne rencontrer que vous-mêmes, vos certitudes, vos aprioris, vos limites. Mais traversez votre jardin, votre pallier, et allez voir votre voisin : votre monde vacille, vos certitudes morales s’écrasent contre un mur et tout ce que vous teniez pour évident se fissure. Petit-à-petit, votre monde s’écroule et ne tourne que sur une seule chose : le monde de votre voisin. Des chiens qui aboient tout le temps, des maîtres qui leur hurlent dessus comme pour les obliger à se taire, des parents qui brutalisent leurs enfants et des enfants qui brutalisent à leur tour leurs chiens. Tout tourne en rond. C’est la vie d’un homme, un non-voyant qui n’en peut plus de vivre à côté de ses voisins et de les entendre gueuler à longueur de journée. Il décide donc de se confier à un ami pour vider son sac, pour véritablement crier sa haine contre le voisinage qui, peu à peu, devient une obsession. Une terrible obsession qui amène cet homme sur le fil du rasoir, sur cette dangereuse pente qui peut mener à la folie et au passage à l’acte. Mais quand un monde s’écroule, que peut-on faire pour le retrouver ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Moins par Moins, l’artiste hispano-suisse L.L. De Mars s’interroge sur le rôle du regard au fil d’un récit qui frôle lui-même la folie, voire la schizophrénie. Pour ce faire, l’auteur se démarque de la concurrence au travers d’un graphisme composé de dessins abstraits, qui n’a rien de particulier à voir avec l’histoire. De ce fait, le lecteur se retrouve plongé dans une narration sans rendu visuel évident du contexte. Du coup, on imagine voir ce qu’on l’on veut au travers des images en essayant de les raccrocher à la narration du personnage principal qui semble lui-même se perdre. Peu à peu, le récit prend le pas sur le visuel de la bande-dessinée, si bien qu’on a l’impression de se perdre dans des illusions entoptiques, ces images que l’on voit quand on ferme les yeux... En fin de compte, Moins par Moins est une œuvre inclassable, audacieuse et difficile à apprivoiser à la première lecture, mais qui mérite qu’on s’y attache tant la démarche artistique de L.L. De Mars sort des sentiers battus. À la fois roman graphique et invitation au voyage dans le moi profond, cette bande-dessinée vaut le détour !