L'histoire :
Un homme débarque sur l'île d'Ometepe, 276 km² et deux volcans, comme deux seins de femme émergeant des profondeurs. L'homme cherche le chemin du Chaco Verde, le lieu de la lagune verte. Mais un célèbre dicton de l'île incite à la prudence : « Tu ne prendras rien de ce qui t'est offert au Chaco Verde ». Dubitatif, l'homme continue sa route jusqu'à atteindre un petit lac. Là, comme sortie des abîmes, une splendide femme nue aux formes rondes s'y baigne. Envoûté, l'homme ne sait plus quoi faire... Toujours sur l'île, existe une petite maison où vit Rosaura, sa famille et... un fantôme nocturne. Mais impossible de mettre la main dessus, il fuit aussitôt repéré. Plus étrange encore, il dessine à chaque apparition une fleur sur le ventre de Rosaura... Ailleurs, c'est une fille aux seins plats qui va semer la malédiction dans un village... Des femmes se transforment en anguilles et des lutins, sans étonner personne, se promènent dans les rues. Les fantômes sont aimés et les fleurs sur le ventre alimentent des épicentres de pleurs. Ometepe est à elle seule sa propre histoire, légendaire, intime et infinie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ometepe, du nom de la plus grande île lacustre au monde, s'avance sous la forme d'un recueil de contes et légendes tous liés entre eux, comme autant de voyages initiatiques qui s'abreuvent aux sources de l'imaginaire et de la fiction, derniers espaces de liberté échappés d'un réel de plus en plus étouffant et accablant. Il y est question de dragons-acrobates, de fantômes bien réels, de malédictions libératrices, de beautés divines... Les hommes se débattent ou tentent de vivre à Ometepe, tout à la fois théâtre mystérieux, muse littéraire ou guide spirituel dans un monde des possibles ouvert aux histoires les plus folles. Avec un fil rouge : tout est réalisable à Ometepe, pour peu que l'on y croit. Et si tout y est possible, alors les faits y sont vrais, authentiques, malgré leur bizarrerie apparente. Dès lors, Ometepe constitue une parenthèse onirique étrangement réelle, fraîche et apaisante, où les détails les plus insignifiants en apparence recouvrent un sens bien précis, un motif de l'errance, un appel à l'évasion et au changement. Ainsi l'île dessine-t-elle les contours d'une poitrine fière et généreuse, les lutins cohabitent-ils avec les naïades et les dragons avec les chasseurs. En fin de compte, Ometepe ressemble bien à un Eden idéal, non pas image du paradis mais graine féconde, territoire du vrai par la fiction et support des potentialités de la vie. Le livre déroule aussi une psychogéographie intimiste et fertile, où les lieux modèlent pensées et sensations, avec la poésie des territoires qui ont encore tout leur trésor à dévoiler. Le graphisme à l'aquarelle, aux teintes ocre ou bleutées, ne cesse d'envoûter un lecteur toujours plus désireux de s'enfoncer dans les profondeurs de l'île, pour y explorer sa magie et son feu sacré. Le rêve n'est pas devenu réalité, il en est l'agent, sa matière et sa condition. Sans rêve, pas de réalité. Ometepe peut alors libérer, à condition de s'y jeter corps et âme. De s'y abandonner pour apprendre à respirer à nouveau. Ometepe et ses formes généreuses nous manque déjà.