L'histoire :
Lorenzo, étudiant aux Beaux-Arts, et Manuel, débutant dans la vidéo, trouvent un appart’ sympa et spacieux à louer, en plein cœur de Barcelone. Bien sûr, le propriétaire qui leur loue l’appartement les reçoit en pyjama nounours, alors qu’il doit bien avoir dans les 30 ans. Et dans son salon, trône une photo d’Adolf Hitler en slip de bain. Mais les deux amis saisissent l’occasion et vivent pleinement leur coloc. Une chose les intrigue : l’appartement en-dessous du leur n’a jamais reçu âme qui vive, alors qu’il est censé recevoir la réserve de l’antiquaire de la rue. Pepe, lui, a vu un type fondre dans un magasin. Littéralement. Quand il a été complètement liquéfié, profitant de la terreur générale, Pépé a piqué le portefeuille du mec. Il n’y avait dedans qu’un peu d’argent et une clé de consigne. Alors qu’il va pour ouvrir la consigne, qu’il a reconnue à la gare, il est invité à boire un verre par une jolie ancienne coloc. Finalement, ils partent ensemble chez elle. Juste avant de partir, il ouvre la consigne et récupère un petit cube à l’intérieur. A la fin de la soirée, ils ont fait l’amour, et Pépé ouvre la boîte. Il en sort une drôle de petite statuette montée d’un sexe démesuré. Il l’offre à sa conquête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alvaro Ortiz aime les histoires complexes et décalées, témoin notamment son très réussi Murderabilia. Dans Rituels, il nous mène sur les traces d’une mystérieuse statuette phallique, une espèce de fétiche au sexe démesuré. Difficile de ne pas penser ici au détournement parodique du fétiche Arumbaya de Tintin et l’Oreille Cassée. Deux fils rouges ici : cette statuette et les amis Manuel et Lorenzo, qui reviennent régulièrement, entre deux histoires, généralement porteurs de drames autour du fétiche. Le ton est sobre, neutre, légèrement ironique. Cela tranche avec le fond des histoires qui est souvent teinté d’un humour très noir, un humour macabre à l’espagnole. En fait, Ortiz s’amuse à créer un véritable fossé entre le contenu de ses histoires policières avec un brin de fantastique, et son ton léger de narration allié à un dessin rond et inoffensif, avec des couleurs chaudes et douces. Les historiettes sont courtes et dynamiques, comme son découpage. L’architecture globale de son récit est atomisée. A tiroirs ? Kaléidoscope ? En mettant tout à plat, on aurait la carte de Patrick Jane qui court après John le Rouge (cf. Le mentalist). Ça a l’apparence du bordel innommable, mais c’est pesé, choisi, organisé. Quoi qu’il en soit, c’est prenant, amusant et agaçant. C’est réussi, quoi.