L'histoire :
« Il faisait très chaud pour un après-midi de mars. Quand j’ai rouvert les yeux, je n’étais plus là ». Sarah écoute nonchalamment sa tante Anna à la table d’une terrasse de café sur une grande place ouverte. Il fait chaud et beau. Elle ne se sent pas bien, elle se lève et part, à la recherche d’explications quant à ses sensations étranges. Déambulant dans la ville futuriste, elle rencontre d’abord un grand automate promenant des chiens, mais celui-ci ne peut l’aider. Apercevant un petit palmier en plastique dans un caniveau, cette vision la ramène à l’univers balnéaire. Elle doit donc quitter la ville. Les rencontres et les visions vont se multiplier, jusqu’à la fin de son voyage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme sa collègue de collection Romane Granger, Valentin Giuili publie pour la première fois un album de bande dessinée après ses études aux Gobelins. Tous deux, d’ailleurs, ont tâté de l’animation. Si le jeune auteur choisit, lui, le noir et blanc dans ce récit, il se lâche en termes techniques et nous offre un feu d’artifice. Commençant de manière plutôt éthérée avec des importants volumes de blancs dans la page – au nombre de cases limité à 4 maximum, mais plus souvent 2, voire 1 ou en double page (le principe de la collection N°1) – les contours sont réalisés au trait fin, rappelant des artistes mangakas, tels Tsutomu Nihei (Blame), avant qu’un système de hachures prenne de l’importance et rappelle le génie de graveurs comme Gustave Doré ou Albrecht Durër. Cela dit, l’influence manga ne s’étiole jamais vraiment, par le biais de structure de vaisseaux ou d’organismes/machines, donnant un mix de genre et d’influences entre ce dernier et des références plus françaises, telles les Armées du conquérant de Gal – quelques cases mettant en scène des chevaliers – et la gravure classique. Si la fin de cette quête un peu inquiétante, évoquant au départ la célèbre héroïne de Lewis Carroll, reste ouverte, elle a le mérite d’embarquer le lecteur dans un récit assez fascinant, déroulant les possibilités graphiques semble-t-il sans limites de Valentin Giuili, dont on se demande ce que des planches en grand format pourraient donner. Les dialogues présents sont assez peu nombreux, et la narration fonctionne davantage en termes de monologues ou de récitatifs pouvant évoquer des pièces antiques, ce qui correspond à la thématique onirique choisie. Horizons magnétiques nous présente les possibilités de Giuili. On reste à l’écoute de ce jeune auteur très prometteur et fascinant, dont le futur projet serait de travailler un récit en couleur.