L'histoire :
A 59 ans, François Manzoni est un ancien malfrat qui s’est rangé des affaires… avec suffisamment de pognon pour s’acheter une villa avec piscine, isolée et nichée dans un massif forestier à proximité de Marseille. Il passe ses soirées en organisant des barbecues et des soirées belotte en compagnie de ses anciens complices, qui ont tous raccrochés, eux aussi, et tentent de se faire oublier. Mais ce soir-là, un bruit dans la remise l’oblige à ressortir son flingue. Il découvre tapi là un jeune gars des cités, basané, qui se planque, légèrement blessé à l’épaule. Sous la menace de son arme, il incite Zinedine à lui raconter ce qu’il fiche là… et pourquoi un feu s’est-il déclaré dans la garrigue. Zinedine lui explique toute l’histoire : il recherchait juste sa cousine Amina, une pure beauté, qui a disparu à quelques jours de son mariage au bled. Amina était très amie avec Xavier Blancard, le fils d’un pharmacien un peu sulfureux. Or tandis que Zinedine s’apprêtait à interroger le pharmacien, ce dernier et sa femme ont été kidnappés sous ses yeux par une bande de caïds des cités. Quant au feu dans la garrigue… et bien c’est ce qu’on appelle un barbecue marseillais : le couple a été flingué dans leur voiture, dans la forêt proche, après quoi les caïds y ont mis le feu. Manzoni fait confiance à l’histoire de Zinedine, il semble de bonne foi. Mais Blancard était un de ses amis. Alors cette affaire le concerne désormais…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec deux noms d’auteurs expérimentés comme Eric Corbeyran et Manuel Garcia au générique de ce one-shot, associés au registre du thriller, on peut être certain de passer un bon moment de lecture. Promesse tenue pour cette histoire de rapprochement générationnel entre malfrats de deux époques. D’un côté, un truand vétéran du grand banditisme, Manzoni, se fait oublier dans une villa luxueuse planquée dans la garrigue. De l’autre, Zinedine, gamin des cités issu de l’immigration, est un petit trafiquant, plutôt attachant et de bonne volonté. Tous deux forment une alliance de circonstance pour dénouer les fils d’une affaire mêlant une jeune femme d’une grande beauté et de vrais caïds violents. Contrairement à ce qu’indique le titre, à part une unique vue d’ambiance sur le port, nous ne verrons pas grand-chose de la cité phocéenne (le métro, le parking d’un supermarché, une usine désaffectée). Le gros de l’intrigue se déroule dans la forêt alentour ou dans les calanques. Cela n’empêche pas de savourer des répliques bien senties, des développements prenants, des psychologies de personnages solides et un dénouement cohérent. Au dessin, Manuel Garcia est plus connu des amateurs de comics (à part une Terre des vampires, un Gengis Khan et 2 épisodes d’Une génération française). Sa mise en scène et son trait encré brillent particulièrement lors des scènes d’action, avec des postures, des partis-pris de cadrages et des trombines patibulaires ad-hoc. Droit au but, en quelque sorte…