L'histoire :
Le 14 octobre 1812, parvenu au but de sa campagne de Russie, Napoléon regarde Moscou en flammes. Quel peuple fanatique préfère-t-il détruire sa capitale plutôt que laisser l’ennemi s’en emparer ? Près de 130 ans plus tard, Hitler discute avec von Ribbentrop de la stratégie de conquête du Reich, qu’ils espèrent faire durer 1000 ans. Son ministre lui conseille de faire alliance avec la Russie, afin d’avoir le champ libre pour contrer la Grande Bretagne… et de neutraliser par la même occasion une puissance de poids. Hitler a beau haïr la juiverie bolchevik, il se range à cette opinion. Une proposition de pacte germano-soviétique est ainsi envoyée à Staline, qui voit là une occasion de se venger du mépris occidental. En août 1939, Von Ribbentrop et Molotov, ministres respectivement nazi et soviétique des affaires étrangères, se rencontrent et établissent une ligne de partage de la Pologne, le pays qui les sépare. Le 1er septembre 1939, les chars nazis envahissent ainsi la Pologne, bien trop faible pour opposer une grande résistance, sur le front de l’Ouest. Les russes en font autant à partir du 17 septembre par la frontière Est. Staline en profite pour envahir les 3 pays baltes et la Finlande ; Hitler fait débuter la « solution finale » en Pologne, pour anéantir tous les juifs. En juin 1940, les deux alliés parviennent encore à la reddition pacifique de la Roumanie. Le Reich allemand occupe la France et la Norvège… Il n’y plus guère que l’Angleterre qui lui résiste, mais elle est sur le point de céder. Au Kremlin, Béria met en garde Staline : l’anti-bolchevisme du führer est attesté. L’empire nazi ne risque-t-il pas de devenir trop gourmand ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Côte à côte, plus que Face-à-face, les portraits de deux monstres en couverture (par Fabrice le Hénanff) : Hitler et Staline sont les deux pires prédateurs du genre humain au XXème siècle. Alliés de circonstance par le pacte germano-soviétique de 1939, ils se retrouvèrent ennemis à partir du 22 juin 1941, date à laquelle Hitler, trop gourmand, déclencha l’invasion de l’URSS, poussé par sa haine de la « juiverie bolchevik » et son ambition hégémonique pour le Reich. Le titre de ce one-shot est parfaitement explicite sur son contenu. Les coscénaristes Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande se proposent de revenir de manière chronologique et dans le détail sur la relation sulfureuse entre le führer allemand et le « maréchalissime » soviétique entre avril 1939, date de décision de leur alliance contre-nature, et le suicide d’Hitler à la fin de la guerre (30 avril 1945). La relation entre les deux monstres – leur méfiance des premiers mois, leur haine réciproque qui suivit – sont le centre d’intérêt majeur du récit. A travers la succession de portraits dessinés par Eduardo Ocaña, on aperçoit à peine Churchill, on ne croise jamais ni de Gaulle, ni Roosevelt. Discipliné, le dessinateur espagnol alterne les regards haineux des deux leaders, les palabres stratégiques et les scènes de mouvements militaires. La teneur des négociations et discutions entre ministres, dirigeants, officiers et conseillers sont certes globalement imaginés et déduits, mais tout à fait crédibles étant données les circonstances géopolitiques admirablement documentées. Certes, la narration est un brin éprouvante, symptomatique d'un scénario très « technique », mais elle se place dans la (bonne) intention de ne pas trahir l'Histoire.