L'histoire :
L’empereur Tibère envoie Pontius Pilatus en Judée pour succéder à Valerius Gratus au poste de gouverneur de ce territoire occupé, poste que Gratus a occupé 11 années. Pilate est issu d’une haute caste et marié à Claudia Procula, elle-même romaine de grande famille. Il sait que cette fonction est périlleuse, étant donné le climat insurrectionnel permanent et la capacité des juifs à sans cesse faire émerger des prophètes et des mouvements séditieux. Il arrive néanmoins par les portes de Jérusalem sous l’acclamation d’une foule – sans doute choisie – qui lui est acquise. Les directives de Tibère sont de maintenir le calme dans les provinces, donc de trouver des compromis entre la fermeté et les libertés. Néanmoins, sa charge est large : elle est à la fois administrative, militaire et juridique. Il a le pouvoir de décider les exécutions capitales, de frapper la monnaie, de collecter les impôts, de recenser les populations… L’une de ses premières erreurs est de vouloir marquer l’autorité romaine en apposant à divers endroits de la ville des bustes et des effigies de l’empereur. Sous l’égide des saducéens du temple et des pharisiens, la foule se mobilise en nombre, mais pacifiquement. Ils se réunissent et établissent un campement immobile autour du palais, durant cinq jours et cinq nuits…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En guise de Face-à-face, celui qui opposa Jésus Christ à Ponce Pilate se situe on ne peut mieux dans le sujet. Rompu aux récits historiques, le scénariste Arnaud Delalande aidé du romancier Denis Gombert ont logiquement évité d’être prosélytes, sans s’empêcher d’être œcuméniques. De fait, ils commencent leur récit par une longue présentation du moins connu des deux, fondamentalement, sur toute une première moitié d’album. Gouverneur romain de Judée, un territoire occupé, Pilate représentait l’autorité de la puissance dominatrice méditerranéenne de l’époque. Il rendait notamment sa justice en l’an 33, c’est-à-dire l’âge de Jésus quand il l’a condamné à la crucifixion. Comment ce gouverneur intègre a-t-il dû s’imposer à ce poste ? Quels étaient la complexité et les tensions du contexte social et religieux ? Avait-il d’autres options que celles qu’il a choisies ? La narration est extrêmement technique et verbeuse, donc documentée… mais aussi peu immersive. Le dessin impersonnel, encré et très « distant » de Manuel Garcia, malgré une nette volonté de réalisme et de restitution historique, ne contribue pas non plus à rendre le sujet très fun. Si vous êtes concentré et volontaire, vous comprendrez un peu mieux les mentalités et le contexte de l’époque. Evidemment, si vous avez été assidu au catéchisme étant enfant, vous n'apprendrez pas grand-chose sur le procès et la condamnation...