L'histoire :
Un soir d’hiver, à New York, le cinéaste Carl Denham vient en aide à une pauvre jeune fille prise à parti par un marchand auquel elle a dérobé une pomme. Subjugué par la beauté de la jeune femme, Denham l’invite à dîner et décide d’en faire l’héroïne de son prochain film, un projet mystérieux qui doit se tourner sur une île tropicale, au large de Sumatra. Des semaines plus tard, durant le trajet, tandis que le cinéaste fait des essais de mise en scène sur le pont du cargo, durant lesquels Ann doit simuler la peur, le capitaine Jacques Driscoll tombe éperdument amoureux d’elle. Il comprend en outre, au gré des indiscrétions, que le projet du cinéaste est pervers : Denham compte se servir d’Ann comme « belle » pour charmer une « bête » monstrueuse qu’il espère filmer sur l’île. Quand ils accostent enfin, la brume inquiétante est à la hauteur des espérances mystiques du cinéaste. Ils suivent le son sourd des tam-tams et arrivent dans un village indigène où se tient un rituel sauvage. Des hommes déguisés en gorilles dansent devant une immense palissade de bois, en psalmodiant « Kong Kong Kong Kong ! ». Une jeune fille agenouillée doit visiblement être offerte en offrande à un gorille géant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nos grands-parents ont frissonné devant le King Kong initial, film de Marian C. Cooper de 1933. Nos parents ont été terrifiés par le remake de Dino de Laurentiis (1976). Les plus jeunes ont été épouvantés par l’adaptation de Peter Jackson en 2005. Cette nouvelle version, narrée par Michel Piquemal et illustrée par Christophe Blain, ne réinvente rien. On retrouve les rivages angoissants et brumeux de l’île tropicale, l’immense palissade, la tribu primitive, la jeune femme attachée à deux piquets comme offrande, la bête qui gesticule en haut de l’empire States Building en chassant les avions… L’histoire classique de ce gorille géant amoureux est de nouveau respectée, sans plus-value ni transcendance narrative particulière. Précisons tout de même que cet album n’est pas exactement une bande dessinée, mais un récit illustré. A chaque page, un court texte narratif est complété par un dessin de Blain mis en exergue. Et seulement à 5 reprises, par un gaufrier de 4 cases muettes, qui rappellent que Blain est auteur de BD avant tout. Le talent de Blain pour représenter la bestialité de King Kong ou l’angoisse des lieux (l’arrivée sur l’île !), à l’aide de crayons gras, noirs et charbonneux, fait tout l’intérêt de cette nouvelle adaptation. Avec une économie de moyens, Blain trouve la juste manière de jouer l’ambiance. Ses rues humides de New York luisent des reflets des réverbères. Le gigantisme du gorille gagne toute sa puissance dans la simple suggestion de ses formes. Lors des rares séquences BD, Blain arrive aussi à mettre en scène la théâtralité sur-jouée du cinéma muet et hollywoodien des années 30. King Blain !