L'histoire :
1905 aux bords du lac Kitej, en Russie, la jeune Elena et ses deux soupirants – Yuri, le cosaque courageux, encore idéaliste, et Nikita, le bolchévik communiste, officier redouté – sont inséparables. Mais en 1917, Elena décède tragiquement (elle se suicide) et laisse les deux jeunes hommes dans le désarroi. Yuri devient un anarchiste réputé tandis que Nikita est promu à un haut grade dans l’armée bolchévique. Deux « frères », deux destins que tout oppose, mais qui luttent pour libérer la Russie du joug tsariste. Au milieu, leur passé commun, mais aussi une très jeune princesse tsariste nommée Nadya qui devrait mourir pour que la révolution puisse finalement s’accomplir. Elena a réuni les deux russes et elle sera à l’origine de la terrible querelle qui va les diviser. Yuri, le mari d’Elena, va protéger, au péril de sa vie, la princesse tsariste Nadya contre le sanguinaire Nikita qui veut effacer toute trace de l’ancien régime totalitaire en supprimant purement et simplement Nadya. Un véritable bain de sang se profile à l’horizon...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Influencée par le manga Akira, la littérature russe, le jeu vidéo et le cinéma d’animation, la française Mélody Cisinski, auteure complète (scénariste, dessinatrice et coloriste) crée ici sa seconde bande dessinée, la première étant consacrée aux super-héros. Ce roman graphique est à la fois un pavé fort bien documenté et un récit à suivre. Il offre une sorte de résumé de la révolution russe de 1917. Une révolution brutale et violente qui s’est faite en deux temps : la chute des Romanov en février et le renversement du gouvernement provisoire par Lénine à la tête des bolchéviks en octobre. Imprégnée d’art, de musique (opéra), de cinéma (Le lauréat, Amadeus, Porco Rosso), Mélody Cisinski livre ici un synopsis un peu déprimant. Dans cette bande dessinée, si l’acharnement d’un anarchiste à sauver le dernier rempart des tsars force le respect, le suicide d’un personnage attachant comme Elena rend l’histoire plutôt démoralisante. Sur fond d’Histoire et de légende, un triangle amoureux s’ajoute en prélude à une tragédie humaine et à une guerre civile avec son lot d’atrocités. Si la romance entre Yuri, Elena et Nikita paraît belle, le sort réservé aux femmes, le final sans espoir, la violence inouïe et la noirceur des propos teintés de grivoiserie font de ce roman graphique un récit dur à lire. Graphiquement, Cisinski prend le parti de personnages aux traits très caricaturaux, mis en scène dans des ambiances plus travaillées... mais peut mieux faire. L'obscurité des couleurs assombrit encore l’histoire.
