L'histoire :
Dans le Paris du milieu du XVIIIème siècle, un groupe de philosophes décide d’écrire ce qui devrait être le plus important des livres, une encyclopédie des savoirs, des métiers, des arts. Une somme de toutes les connaissances d’une époque, un projet qui sonne comme un appel à lutter contre l’obscurantisme sous toutes ses formes. Parmi eux, Denis Diderot bien sûr, et Jean d’Alembert, entourés de grands noms de l’époque, comme l’écossais David Hume, le comte de Buffon, le baron d’Holbach. Diderot est un homme marié, père d’un tout jeune enfant, dont le projet et les relations extra-conjugales mettent en péril la vie de famille. Sa rencontre avec une jeune illustratrice va décupler son enthousiasme. La jeune femme est le talent qu‘il recherche pour remplir son ouvrage de dessins représentant l’époque. Marie est capable de tout dessiner : les portraits des grands de ce monde, mais surtout les métiers du quotidien, toutes ces activités techniques que Diderot voudrait pouvoir expliquer et immortaliser. Mais alors que le projet commence à faire parler dans Paris, un des partenaires de Diderot est sauvagement assassiné. Aucun coupable n’est identifié, mais ses amis sont nombreux à soupçonner les réactionnaires de l’Eglise catholique d’avoir fomenté le meurtre. Les philosophes des lumières présenteraient un risque non seulement pour l’Eglise, mais aussi pour le pouvoir du roi...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est une étrange idée que de plonger dans l’histoire de la création de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert sous la forme d’une sorte d’enquête émaillée de meurtres, à la manière des grands romans d’aventure historique. Difficile de savoir quelle est la part de vérité établie que les auteurs ont choisi de mettre en avant, même si la résistance de l’Eglise à ce premier ouvrage de partage massif du savoir a été une réalité. Le discours préliminaire de l’Encyclopédie a marqué son temps par la force de son propos contre l’influence négative des autorités spirituelles face au progrès des connaissances scientifiques. Le travail du scénariste José Perez Ledo est délibérément tourné vers le grand-public, dans cette approche aventureuse qui fait de Diderot un héros courageux et humain, pris dans un tourbillon de violence qui le surprend, et bousculé par ses passions personnelles. Le dessinateur Alex Orbe mène la danse de manière fluide, réussissant à tirer des portraits sobres des grands personnages de l’époque, chacun doté de caractéristiques physiques reconnaissables. Les deux auteurs parviennent à vulgariser en simplifiant nécessairement beaucoup, mais portent un regard très actuel sur un moment de l’histoire de la pensée, dont la majorité d’entre nous ignore les dimensions complexes et éminemment politiques. Une idée originale traitée de manière efficace, résolument à la portée de tous.