L'histoire :
En 1820, Buddy vit avec sa vieille tante Bishop dans une chaumière isolée des Cornouailles (sud de l’Angleterre). Il ne connait rien de ses origines et se doute bien que Bishop n’est pas exactement sa tante… Mais il l’aide au quotidien à élever ses moutons, en marge des rumeurs de sorcellerie qui planent sur la vieille femme. Seul le meunier leur rend visite de temps en temps, car les villageois de Greymouth la tiennent à l’écart. Un soir, Bishop fait cependant usage de mystérieuses graines rouges lancées dans le feu, afin que Buddy ait des révélations. Dans une vision, l’adolescent voit une belle femme malmenée par des hommes… et un barbu, avec une cicatrice sur la joue et un anneau dans l’oreille. Sans trop rien lui expliquer, Bishop lui dit que cet homme est son ennemi et qu’il lui faudra s’en méfier. Dans les jours qui suivent, les Cornouailles connaissent une épidémie : un navire échoué, sur lequel tout l’équipage est mort, leur apporte la peste. Les villageois sont persuadés que c’est un coup de la sorcière. Et pendant que Buddy est parti vendre ses herbes et ses onguents au bourg, ils brûlent la chaumière et pendent la tante Bishop. Buddy est contraint à l’exil. Il emporte avec lui une chevalière frappée de mystérieuses armoiries, que Bishop lui a confiée avant de mourir, avec l’idée de rejoindre Londres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier tome d’un diptyque en devenir met en place les éléments d’une quête initiatique nimbée de mystères familiaux, avec un je-ne-sais-quoi d’ésotérisme, dans l’Angleterre pré-victorienne du début XIXème. Le personnage central est un adolescent, Buddy, à la recherche de ses origines… et nous n’avons nul doute qu’il les trouvera dans le second tome à venir et que celles-ci seront prestigieuses. En attendant, nous suivons Buddy devenu contre son gré vagabond sur les chemins de son passé, ponctué de rencontres plus ou moins sympathiques. Rodolphe répond aux codes du genre sans avoir besoin de forcer ses talents de narrateur pour que la lecture soit tout à fait agréable… en attendant d’en savoir plus. Le scénariste apprécie ces ambiances de landes obscures battue par les pluies, où ne survivent que les romantiques et les lychens, typiques des romans de Dickens ou des sœurs Brontë. Cette atmosphère est admirablement rendue par le dessin semi-réaliste de Laurent Gnoni, dans un camaïeu de teintes ocres, éteintes et froides. C’est jouissivement lugubre et intriguant. Qui est donc ce mystérieux barbu balafré, « ennemi impitoyable » du jeune homme ?