L'histoire :
Dans la mer de Cortés (golfe à l’Ouest du Mexique, entre le continent et la péninsule de Californie), l’équipage du Sea Shepherd intervient pour sauver un maximum d’animaux marins menacés d’extinction. La plupart du temps, il s’agit de délivrer des cétacés empêtrés dans les filets dérivants des pêcheurs. Il leur faut alors se méfier non seulement des réactions de ces monstres des mers, mais aussi des pêcheurs agressifs. Ce jour-là, ils accueillent un petit nouveau à bord de leur navire, le John Paul Dejora, un ancien cutter des garde-côtes retapé pour aller à la chasse aux braconniers. Ce jeune homme, Will, est un journaliste d’un type nouveau : il veut faire un reportage en bande dessinée sur ce qu’il se passe à bord. Il est favorablement accueilli par les autres membres d’équipages, tous quasiment bénévoles et évidemment habités par la cause écolo. Il apprend entre autre que tout ce que cuisine Meg est nécessairement vegan. Néanmoins, le capitaine Octavio lui présente l’équipe rapidement, car il est inquiet du cyclone qui leur fonce droit dessus. Il prend tout de même le temps de lui préciser le principal objectif de leur campagne : sauver de l’extinction le vaquita, désormais le cétacé le plus rare du monde (il ne resterait qu’une dizaine d’individus), victime collatérale de la surpêche de totoaba…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Petit rappel à l’usage des néophytes : le Sea Shepherd est une ONG vouée à la protection des écosystèmes marins et de la biodiversité. En somme, il réunit des activistes écologistes qui chassent les braconniers de la pêche illégale et multiplient les interventions en mer pour sauver les cétacés des filets dérivants. Et Guillaume Mazurage, ancien de chez Picsou Magazine sensibilisé à cette cause, s’est laissé sans peine orienter par son mentor Pierre Christin vers le docu-reportage sur le sujet. Dans ce (premier ?) tome, il se met lui-même en scène dans son expérience globalement authentique concernant la sauvegarde du cétacé le plus menacée du globe, le vaquita, une espèce endémique de la mer de Cortès. Mazurage n’a guère besoin de forcer l’intrigue pour rendre son reportage à la fois didactique et très vivant : la lutte contre les braconniers est une aventure 100% plausible et donc prenante, qui évite sans forcer l’écueil du rocambolesque. Il retranscrit son expérience à bord du John Paul Dejora, en éludant les détails inintéressants et en extrapolant les expériences relatées par les membres d’équipage. Mazurage a également la sagacité d’employer un style de dessin semi-réaliste adapté au lectorat jeune (les 10-15 ans), qui se soucient plus de la nature que leurs aînés. Pour autant, le ton des dialogues et de la pédagogie trouve un juste milieu équilibré, ni doctoral, ni moralisateur, ni bêtifiant, et adresse ainsi cet album à un très large public. Outre sa louable vocation, voilà un admirable exemple de BD didactique !