L'histoire :
Ukraine aujourd’hui. C’est la guerre. Vika, une jeune fille, tente de dormir tant bien que mal, malgré la peur des bombardements. À 2h du matin, un message sur son téléphone portable lui indique une alerte aérienne imminente. Quelques minutes après un bombardement aussi rapide que meurtrier, qui a réduit en cendre des immeubles, la jeune fille est apeurée et court se réfugier dans le couloir de son petit appartement. C’est une question de survie. En effet, les ukrainiens n’ayant pas accès à des abris font de leur couloir ou de leur salle de bain leurs principaux refuges en cas d’attaque aérienne de l’ennemi. C’est ce qu’on appelle la « règle des deux murs » : il faut qu’il y ait au moins deux murs entre la personne et l’extérieur pour tenter de se protéger. En effet, en théorie le premier mur doit encaisser le souffle de l’explosion tandis que le second doit absorber les éclats d’obus. Pour les ukrainiens en proie aux bombardements, l’endroit le plus sûr d’une habitation est donc une pièce à deux murs de la rue et sans fenêtre. Il s’agit donc généralement du couloir, de l’entrée ou encore de la salle de bain, si elle se trouve à l’intérieur du domicile, ce qui n’est pas toujours le cas pour tout le monde. Après de longues heures d’attentes dans la peur d’un nouveau bombardement, Vika se couche sur son matelas à même le couloir. Cela fait trois ans que la guerre dure…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À la fois si proches et si lointains pour tous les occidentaux, les tenants et aboutissants de la guerre en Ukraine restent cependant flous pour une grande majorité d’entre nous. Presque trois ans jour pour jour après l’invasion de l’Ukraine, ce roman graphique écrit par Mariam Naiem et dessiné par Yulia Vus et Ivan Kypibidia retrace l’histoire complexe et enracinée du confit russo-ukrainien en explorant ses origines depuis le Moyen Âge jusqu’à la guerre actuelle. Pour ce faire, l’auteure a mis en place un récit historique richement documentée où se mêlent de nombreux témoignages personnels sur la vie quotidienne de la population en plein milieu le conflit actuel où se mêlent peur, colère et espérance. Comment survivre au cœur d’une guerre ? En ce qui concerne la partie graphique de Yulia Vus et Ivan Kypibidia, le parti pris de mettre en avant une teinte orangée (la couleur dominante de l’Ukraine) et un style brut, dénoué de tout superflu, permet de mettre en relief l’urgence du récit. Une sorte de cri d’alarme visuel… Construit comme un véritable outil pédagogique par des auteurs dont la légitimité repose sur la connaissance historique de la situation, mais aussi sur leurs propres expériences personnelles, cette œuvre permet d’appréhender les contours d’une guerre qui nous échappe encore. Une BD à mettre en toutes les mains en ces temps difficiles.
