L'histoire :
A la nuit, une jeune servante part chercher de la lumière pour sa maîtresse, une femme ronde et peu gracieuse. Elle surprend une conversation entre deux ombres, dont l’une demande à l’autre de « la » supprimer. Elle « la » reconnaîtrait grâce à un dragon doré brodé… Arrivée choquée chez sa maîtresse, elle a oublié la lumière. Mais lorsqu’on vient apporter un présent à la dame, elle reconnaît le tissu. Dans la Chine médiévale, la fête des fleurs est une célébration importante. Les trois concubines du juge Ti, nommé depuis deux ans dans la ville de Lan-Fang, vont faire leurs présents au temple. Là, une courtisane magnifique, arborant un tissu brodé d’un dragon d’or, fend la foule des femmes et va demander à la déesse un mari honorable. Alors qu’elle vient de faire brûler l’encens, elle s’écroule, la bave aux lèvres. Les épouses du juge Ti vont le prévenir. Il va mener l’enquête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’an dernier, Tsui Hark a livré le troisième épisode de sa série policière autour d’un personnage virevoltant, Détective Dee. Il est inspiré d’un héros réel, Di Renjie, magistrat réputé pour ses talents d’enquêteur au VIIème siècle. Il est devenu une figure légendaire dans un roman chinois du XVIIème siècle, sous le nom de juge Ti, et ses aventures sont devenues un succès planétaire sous la plume du romancier hollandais van Gulik en 1940. Le français Frédéric Lenormand a repris les Nouvelles enquêtes du Juge Ti, pour lesquelles il a été primé. Cette adaptation BD est très agréable, notamment grâce à la belle complicité entre l’écrivain et Frédéric Vervisch, qui a déjà œuvré dans des atmosphères de la Chine médiévale (Chinn, Soleil du soir). Il livre une partition très encrée, l’encre de Chine donnant des contours nets qui plongent le lecteur dans une atmosphère spéciale. Lorsque les personnages interagissent, il épure ses cases dans le plus pur style ligne claire. Mais lorsque c’est le récit qui prend le pas, il exécute de magnifiques plans larges… L’intrigue de Lenormand est vive et bien menée, le séquençage très efficace. Le ton, surtout, est spécial. Caustique, en retrait, il permet au lecteur d’être toujours en alerte. Seul petit point noir : le format. On a l’impression que l’enquête est résolue en deux coups de cuillère à pot, et c’est assez frustrant. On se consolera avec la première de couverture, absolument hypnotique.
