L'histoire :
Comme chaque jour depuis sa naissance, la jeune Aliénor « profite » (blasée) d'un cours magistral en pleine nature sur les champignons, prodigué par son père, le druide Merlin, érudit sur le sujet. Emporté par ses explications, Merlin s'aperçoit au dernier moment qu'Aliénor s'est éloignée et qu'elle est sur le point de cueillir une mandragore, une plante redoutable. En effet, quand on déterre une mandragore, cette plante pousse un cri si puissant qu'il tue le premier être vivant qui l'entend. Merlin ajoute, en faisant le malin, que lui-même et sa fille sont toutefois immunisés contre ces enchantements ridicules, en raison du sang de démon qui coule dans leurs veines. Aussi Aliénor n'hésite t-elle pas à déterrer la mandragore dans la foulée. Or effectivement, une fois a l'air libre, la racine pousse un cri aussi décoiffant que strident, à la face de Merlin... qui tombe raide mort ! Son fantôme apparaît aussitôt à côté, stupéfait d'avoir succombé. Aliénor est confuse. Elle n'aurait pas dû écouter son père. Le Merlin fantomatique est vexé. Il décide qu'il ne restera pas mort bien longtemps. Il demande à Aliénor de ramener son corps jusqu'à sa chaumière... lorsque surgit l'Ankou, qui vient le chercher avec sa charrette...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Washita, une fresque amérindienne en cinq tomes, Séverine Gauthier (au scénar') et son compagnon Thomas Labourot (aux dessins) réitèrent une œuvre en commun dans le registre mythologique/fantastique, à l'intention d'un public plus jeune. Le canevas des légendes arthuriennes étant éculé, le couple d'auteur choisit d'en extirper une version largement fantaisiste. Ici, Merlin est un druide illuminé et truculent, encore plus féru mycologue que le comte de Champignac dans Spirou. Et il est papa d'une jeune fille aux talents innés de sorcellerie : Aliénor résiste naturellement au cri mortel de la mandragore, alors que son célèbre paternel... non. C'est d'ailleurs de ce point de détail que découle toute la problématique de ce premier volume : Merlin est mort (mais omniprésent sous la forme d'un fantôme), il s'agit de le ressusciter ! Emmené par cette jeune héroïne attachante, ce premier opus tire son épingle de situations truculentes et d'un sens du ping-pong dialogué moderne, spirituel et bienvenu. En outre, il permet de présenter et mettre en scène sans lourdeur toute la clique des protagonistes récurrents et leurs tempéraments. Le dynamisme du trait de Labourot s'épanouit à merveille dans ce registre jeunesse expressif, au milieu d'un décorum féerique richement enluminé et détaillé. Bref, tous les voyants sont au vert pour une série au long cours. Ne reste plus qu'à parvenir à se renouveler !