L'histoire :
Après l’apparition d’un crabe géant, composé notamment de débris d’épaves, qui s’est échoué sur la plage de Roodhaven, un jeune scientifique vient étudier l’étrange animal. A l’intérieur de ce crabe se trouve une occupante : Aquarica, une belle jeune femme qui semble venir d’un autre monde et qui prétend que les hommes vivent sur le dos d’une baleine géante. Aquarica sera alors capturée par des baleiniers qui souhaitent connaître le sort de leurs camarades disparus en mer. La jeune femme arrivera à échapper aux pêcheurs et sera accompagnée dans la fuite par Greyford, le scientifique, ainsi qu’un lieutenant de police. A bord du crabe géant, les deux hommes découvrent qu’Aquarica fusionne avec l’animal pour le guider. La jeune femme est très inquiète sur l’attitude des pêcheurs partis à la recherche de la baleine géante avec la ferme intention de venger les disparus...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le début de cette aventure maritime imaginée par Benoît Sokal et François Schuiten a émergé au début des années 2000. Initialement, le projet était de réaliser un film d’animation... Trop couteux, il n’a pas pu être produit et les auteurs ont décidé d’en faire une BD, dont le premier volume est sorti en 2017. Malheureusement, en 2021, le dessinateur Benoît Sokal décède et François Schuiten se retrouve à terminer le travail de son ami, soit une douzaine de planches. Le style graphique entre les 2 hommes est radicalement différent, mais cela ne nuit en rien à la narration et s’avère, au final, un très beau témoignage d’amitié. Cette aventure maritime fantastique semble en partie inspirée des récits de Jules Verne ou de Herman Melville (avec un Moby-Dick version 5XL qui se balade avec un continent sur le dos), le tout sur fond de fable écologique. Aquarica sollicite le professeur de cryptozoologie pour comprendre pour quelle raison leur « baleine continent » dérive inexorablement vers le nord. Evidemment, une relation romantique va naître entre le scientifique et Aquarica, qui a tout d’une sirène en vivant dans un monde inconnu des hommes. Pendant ce temps, une bande de pêcheurs poivrots tentent quant à eux de tuer la bête responsable de la perdition de leurs camarades. A l’instar du premier tome, le scénario est relativement linéaire, inspiré de préoccupations actuelles, le tout dans un univers singulier à la fois étrange et poétique. Ce diptyque est dépaysant, inclassable, poétique, romantique et plonge le lecteur en eaux profondes.