L'histoire :
Septembre 1888, Belle-Île-en-mer. Le bagne de Haute-Boulogne est tenu d’une main de fer par Monsieur Janvier, le directeur de l’établissement. Les pensionnaires sont occupés à la construction du Séraphin, un navire. Parmi les détenus, figure un certain Arsène. Celui-ci n’a qu’un seul mot à la bouche : s’évader ! D’ailleurs, après une mutinerie à la cantine, il parvient à mettre son plan à exécution en compagnie d’un autre détenu, Jacob Roudine. Mais les deux évadés se font reprendre sur la plage qui borde Haute-Boulogne. Roubaud, un journaliste parisien, est venu sur place pour la rédaction d’un article. Il se rend compte rapidement de l’inhumanité de cette maison de correction où les sévices sont monnaie courante. « Quelques coups de bâton n’ont jamais tué personne » ne manque pas de signaler Monsieur Janvier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Arsène Lupin, né sous la plume de Maurice Leblanc, a passionné des générations de lecteurs. Bon nombre d’autres auteurs, comme Boileau et Narcejac, ont contribué à perpétuer la légende Lupin. En bande dessinée, le héros a eu peu l’occasion de se montrer, à part dans la collection BDétectives aux Éditions Lefrancq, avec André-Paul Duchâteau au scénario. Rue de Sèvres, nouveau venu, ose donc l'aventure une nouvelle fois, en développant Les origines d’Arsène Lupin. Qui mieux que Benoît Abtey et Pierre Deschodt, auteurs des Nouveaux Exploits d’Arsène Lupin, paru en 2013 aux Éditions XO, pouvaient s’y frotter ? Les deux jeunes scénaristes revisitent ici les codes du mythe (un héros élégant, respectueux des femmes, doté de qualités physiques phénoménales), à travers un album hommage. Dans ce premier tome, ils reviennent sur la jeunesse d’Arsène envoyé au bagne pour d’obscures raisons et son éducation dans la Haute Société pour devenir Arsène Lupin. On retrouve ici toute la violence et l’injustice qui régnaient dans les établissements pénitentiaires en cette fin de XIXème siècle. Question style narratif, ils privilégient les phrases courtes et directes, agrémentées d’expressions hautes en couleurs, en hommage à la Belle Époque, comme « faire sangloter le cyclope » ! Le dessin de Christophe Gaultier est plus âpre. Même s’il est intéressant, graphiquement parlant, on peut regretter la présence à outrance de parties hachurées qui alourdissent l’ambiance, notamment dans les passages où les couleurs de Marie Galopin s’assombrissent. Même si ce prologue prend des libertés avec l’œuvre de Leblanc, on se laisse volontiers happer par cette lecture. On regrette qu’elle s’achève aussi vite sur le personnage de Gabriel de Saint-Mérande qui, nul doute, jouera un rôle fondamental dans la construction de Lupin !
