L'histoire :
En écoutant sagement une émission de radio, Astrid Bromure apprend qu’il existe des enfants sauvages dans la jungle africaine du Gabokonga. Or depuis quelques temps, elle trouve scandaleux d’être la seule enfant unique de tout son arbre généalogique. Ne serait-ce pas une super idée que ses parents adoptent un petit frère ? Et pourquoi pas un enfant sauvage ? Il ne lui manque qu’un prétexte pour emmener ses parents en expédition sans la jungle. Ce sera la recherche d’essences de plantes exotiques rares, car sa mère est passionnée de botanique. Dix jours plus tard, le zeppelin de la famille Bromure a déjà fait le trajet jusqu’au Gabokonga. Vêtue de l’équipement colonial idoine, Astrid et ses parents y sont accompagnés du majordome Benchley, de la préceptrice Poppyscoop et de la cuisinière Dottie. Or dès les premières heures, ils repèrent un enfant sauvage dans un arbre ! Celui-ci semble avoir des douleurs vives et récurrentes un peu partout et ne parle pas un mot de français. Après plusieurs phases d’approche mouvementées, Astrid découvre qu’il parle le langage des oiseaux et que ses douleurs sont dues à des tortures sur une poupée vaudou pratiquées par des pygmées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la première fois dans sa série, Fabrice Parme déporte l’univers graphique stylisé et le contexte légèrement suranné de sa petite Astrid Bromure en dehors du milieu cosy ultra-bourgeois de son manoir jonché en haut d’un building. En effet, l’héroïne fille de milliardaire convainc ses parents de partir en expédition dans un pays imaginaire d’Afrique, le Gabokonga, pour y adopter furtivement un enfant sauvage. Fichtre, cette aventure serait-elle inspirée du scandale de l’Arche de Zoé ? Dans tous les cas, on reste évidemment bien loin de l’étude éthologique ou psychologique, ou de l’évocation sociale à la Truffaut ou Werner Herzog. La destination publique infantile impose plutôt de se conférer aux imaginaires bienveillants de Disney, du côté de Tarzan et Mowgli. Dans les faits, c’est l’occasion pour l’auteur de décliner et mélanger les stéréotypes coloniaux et africains des temps passés : on y saute de lianes en lianes, on y croise un bestiaire gentiment prédateur, les pygmées sont sûrement cannibales… L’aventure est donc bondissante à l’envi, ce qui est paradoxal pour le patronyme « Bromure », substance chimique aux vertus plutôt calmantes sur l’organisme. En dépit des clichés, le scénario se déroule de manière positive, et il évoque de manière sous-jacente le pillage des richesses africaines par l’homme blanc. Ce sujet de fond sensible, ainsi que la tournure et la quantité de dialogues, le dessin ultra-stylisé ou la colorisation en aplats pastel, garantissent cependant plus de plaisir de lecture aux parents qui aimeraient que ça ravisse leur progéniture…