L'histoire :
1932, Arizona. Une voiture file à vive allure dans le désert américain. Elle s’arrête dans une petite ville de l’Ouest. Son chauffeur taciturne au visage balafré, Panama Kid, sort pour faire plein à une station-service. Un autre homme portant un complet descend également et se dirige vers le saloon : il s’appelle Roy Nash. Il commande un whisky. Le barman lui annonce que l’alcool n’est plus en vente depuis le début de la Prohibition. Un billet de 20 dollars suffit à le faire changer de discours. Tout en sirotant son whisky, Roy demande au barman où se trouve Blondie Egan, car celui-ci doit du fric à Chicago. Le barman fait mine de ne pas savoir. Blondie Egan débarque un flingue à la main. Il se fait arroser de plomb par l’homme. Le travail est terminé. Il peut remonter dans sa voiture. À ce moment, la jeune femme qui était dans le saloon accourt en direction de la voiture. Elle s’appelle Rose Malone, elle veut quitter ce trou à rat. Après un temps d’hésitation, Roy accepte qu’elle monte dans sa voiture. Faut pas qu’elle traîne, Roy a un contrat à finaliser à Los Angeles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À peine la saga du Tueur terminée, Matz reprend les armes pour adapter un scénario qui dormait dans les cartons de Walter Hill. Oui, vous avez bien lu, Walter Hill, le réalisateur de 48 heures avec Nick Nolte et Eddie Murphy ou des Rues de Feu ! Les deux hommes se sont rencontrés sur le tournage du film Du plomb dans la tête (adapté de l’excellente BD signée Matz et Colin Wilson) avec Sylvester Stallone. Entre deux prises, Matz lui a demandé s’il n’avait pas une histoire susceptible de passer au format BD. Walter Hill lui a proposé Balles perdues. Matz est ici fidèle à l’ambiance sombre et sanglante que l’on retrouve dans les films de Hill. Il injecte en prime sa verve narrative, avec des phrases percutantes dont il a le secret (« Traite-la encore de greluche et tu vas voir autre chose que sa photo »). C’est du Matz dans le texte. L’histoire est puissante avec une intrigue à double étage : Roy Nash doit remplir le contrat confié par la mafia de Chicago et il a une mission personnelle : retrouver celle qu’il aime. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu… Au dessin, on retrouve un Jef bien inspiré, qui alterne les cases larges et pleines avec des décors sublimement restitués (Monument Valley, Dowtown L.A. ) et les plans serrés, le tout dans une ambiance chromatique sépia (quel coup de pinceau, ce Jef !). Mais que dire des séquences de fusillade magistralement exécutées ! Sans compter, la galerie de personnages, des vraies gueules de cinéma aux visages burinés. Au milieu de tout ça, il y a Roy Nash et son regard bleu glacial, qui refroidit ses ennemis avec une science de la gâchette hors du commun. Décidément, depuis ses débuts, Rue de Sèvres s’impose comme un acteur incontournable dans le monde de la BD. On en redemande forcément…