L'histoire :
Deux carottes sont plongées dans le bac d’un robot ménager autocuiseur, relax. A côté, un petit lapin blanc est sur le point de brancher l’appareil sur une prise électrique. Il les prévient : « Bougez-pas les filles, je branche le jacuzzi. »
Dans le vaste atelier d’un artiste-peintre, jonché de pots de peintures et de châssis de toiles, tandis que le maître est à l’œuvre, son épouse cherche son chat dans son dos : « Guernica, mon chaton ! Guernica ! »
Un homme de Cro-Magnon dessine des aurochs sur les parois d’une grotte, alors que derrière lui, sa femme prépare à la broche au-dessus d’un feu un escargot tout maigrelet. Elle fulmine : « Ah ça, les dessiner, il sait faire ! »
Sur le banc public d’un square, une poule blanche papote avec sa voisine qui est, en fait, une barquette de pilons de poulet sortie du KFC : « Je t’avais bien dit de ne pas répondre à cette petite annonce »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Publié au format paysage, cet ouvrage n’est pas une bande dessinée au sens où le commun des mortels l’entend formellement. Il s’agit plutôt d’un recueil de 40 illustrations humoristiques, ironiques, ou poétiques, qui cherchent à produire pleines pages un décalage caustique de situations, parfois accompagnées de la réplique idoine du personnage en-dessous. A travers ces saynètes issues de moult contextes de genres (western, super-héros, préhistoire, scènes contemporaines…), Olivier Tallec montre doublement tendresse et moquerie pour les règnes humain et animal. Il y en a pour tous les types d’humour : tantôt cynique, tantôt juste lyrique… Et la plupart du temps, Tallec joue astucieusement avec le principe des ellipses, laissant le lecteur imaginer la case d’avant ou d’après. En ce sens, nous sommes bien dans une forme pointue et subtile d’art séquentiel. Ajoutez à cela un dessin en couleurs directes, jouissivement caricatural et qui a beaucoup de chien (à la gouache et à la craie ? avec les progrès des tablettes, on n’est plus sûr de rien…). Seul petit hiatus : ça se lit vite, très vite…