L'histoire :
Le 3 juillet, à Berceray, Florence est venue avec ses deux fils à la messe pour y fêter, avec le restant de la famille, les 95 ans de l'oncle Emmanuel. Cela fait bientôt deux ans que cette auteure de bandes dessinées ne se sent pas bien. Elle a un poids qui lui leste l'estomac. Elle a du mal à se confier à Bénédicte, sa sœur jumelle. Florence ne lui avoue pas que chaque matin, à son réveil, elle peine à savoir qui elle est vraiment. Soudain, c'est la révélation. Cela fait à présent 2 ans que Florence a arrêté les jeux de rôles, cette fantastique pratique ludique où les joueurs laissent libre cours à leur imagination en incarnant des personnages fictifs. Elle se remémore la première fois où elle en a entendu parler, de ses parties jusqu'à pas d'heure et de la création de fiches de personnages. Florence se rappelle alors l'un des rôles qu'elle avait incarné : le méchant, pervers, petit et rancunier Cigish, un nain du Mordor de niveau 19. Et si, pour retrouver un semblant de goût à la vie, Florence devenait Cigish dans la vie ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jusqu'en 2015, nous connaissions Florence Dupré La tour pour ses bandes dessinées jeunesses – comme La sorcière du placard aux balais ou Borgnol. Puis après avoir fondé un blog, dans lequel elle mélangeait des éléments autobiographiques et une aventure mettant en scène un personnage de jeu de rôles qu'elle avait incarné par le passé, elle a légèrement influé son registre. Gigish ou Le Maître du Je est une compilation des notes parues sur le blog à l'époque, édité une première fois chez Ankama (déjà sous le Label 619) et aujourd'hui réédité. Dès les premières pages, l'autrice impose un ton décalé, entre sérieux et second degré. Le mélange entre les éléments autobiographiques et fantaisistes est bien calibré et permet de passer un moment agréable. Régulièrement, l'histoire est entrecoupée de commentaires issus du site Internet, qui participent à la réussite de cet album par leur caractère truculent. Lorsque Florence, l'héroïne, laisse place à Cigish, le personnage de jeu de rôles, les situations détonnent. Les allusions à des systèmes de jeu plairont aux rôlistes. Le dessin en noir et blanc est certes simple, mais sa finesse et le nombre de traits de certaines cases impressionnent et nous montrent une facette moins connue chez l'artiste. Si vous avez un jour joué aux jeux de rôles et/ou si vous êtes partants pour une lecture bien barrée, cet album épais de 300 pages est pour vous.