L'histoire :
Dans un futur post-apocalyptique, la civilisation humaine s’est réinventée en société de caste et en s’obligeant à faire table rase du passé. Désormais, une jeunesse élitiste est formée selon des préceptes moraux érigés en véritable religion, au sein d’une prestigieuse université appelée l’Eden, qui régit le reste du petit peuple. Hélas, ce système en déséquilibre frustre et génère des inégalités… au point qu’une guerre civile éclate. Les insurgés venant du petit peuple se font appeler le « comité invisible ». Parmi eux, se trouvent Jonas et son père. Or au sein de l’Eden, la sœur de Jonas, Hélix, tente elle aussi de mener une révolution silencieuse, aux côtés d’une notable qui vit en marge, Rapace. Ce faisant, elle découvre progressivement ses véritables origines. Car Hélix n’est pas exactement la sœur de Jonas… Elle est la fille du sénateur Diastème, et de Rapace ! Ainsi, Hélix est la sœur naturelle de Circéon, son partenaire au sein de sa formation. Le conflit civil progresse. Apercevant une cohorte militaire venant vers eux, Jonas et son mentor Herodias se replient dans une sorte de base secrète creusée sous terre, où ils mettent la mère de Jonas, très malade, à l’abri. Entre délire et immense fatigue, celle-ci fait des révélations à son fils. Elle lui indique qu’il trouvera des réponses sur l’« île aux diables »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second volume d’Eden met un point final en demi-teinte à un récit situé à mi-chemin entre la chronique familiale et l’aventure d’anticipation civilisationnelle. Dans un futur qui s’est efforcé d’oublier le passé, et qui ne parvient pas à inventer le présent, des jeunes gens apprennent avant tout leurs réelles origines, leurs liens familiaux, tandis que se produit une révolution culturelle et sociale. L’univers créé par Fabrice Colin repose sur un équilibre précaire apparemment dénué de toute technologie (plus de moteurs, plus d’électricité), auquel on ne parvient jamais tout à fait à croire. L’idéologie sociale et la morale sont le socle de l’intrigue, or les protagonistes tournent sans cesse autour de ce drôle de pot un peu prétentieux, en nous alimentant avant tout de leur psychodrame familial. Tous ont des liens familiaux complexes, recomposés et… secrets ! Or leurs destins, jadis divergents, convergent de nouveaux au gré de révélations successives délivrées avec parcimonie. Beaucoup de palabres s’articulent ainsi entre des scènes d’assauts dessinées sur un mode rough par Carole Maurel. La prolifique dessinatrice ne peaufine pas son trait semi-réaliste – par ailleurs très juste – ce qui lui permet de débiter des ouvrages à forte pagination (83 planches petit format pour ce volume).