L'histoire :
Dans un futur post-apocalyptique indéterminé, la famille de Jonas appartient à une basse caste de la société, les « sans-noms ». Six jours sur sept, le jeune homme travaille au recyclage au sein d’une décharge. Entre deux, il s’instruit sous la tutelle d’un mentor, Heredias, dans l’optique de passer un concours prestigieux et de s’élever socialement, afin de rejoindre les « inspirés » de l’Apex, au sein d’un grand dôme appelé l’Eden. Sa sœur Helix a d’ores et déjà réussi le concours et elle vit désormais au sein de cette université réservée à l’élite de la cité. Or ce soir-là, Jonas a la surprise de voir sa sœur débarquer sur la plage, tandis qu’il chante en solitaire. Comment a-t-elle fait pour sortir de l’Eden ? Se serait-elle enfuie ?! Helix lui explique qu’elle s’est juste secrètement absentée une paire d’heures, afin de lui expliquer quelque chose de très important. Elle lui affirme que « l’ascension », le fameux concours, est un simulacre d’examen. Il ne faut pas qu’il y renonce, car elle et des amis insurgés vont l’aider à passer cette épreuve, afin de lui permettre de rejoidre leur cause au sein de cette institution. Ils veulent changer cette société de caste par une révolution intestine. Jonas doit impérativement tenir cette information top-secrète…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès les premières pages de cette nouvelle série se déroulant dans une cité incertaine, à une époque indéterminée, le lecteur est plongé dans un classique de l’anticipation : la civilisation recomposée et divisée en deux castes. D’un côté, l’élite instruite, qui ne se laisse pas facilement pénétrer et entend dicter son dogme, confortablement installé au sein d’un dôme prestigieux. De l’autre, les « sans-noms », qui triment dans la basse-ville, proche du bidonville. Ce contexte est un truisme du registre. Pour compenser cette petite facilité, le scénariste Fabrice Colin ne perd pas de temps en présentations, et il enclenche immédiatement le changement qui se profile. L’on se familiarise alors avec les protagonistes à mesure que la révolution s’ourdit. En outre, Colin pousse les fondements de l’utopie quelque peu ploutocratique assez loin dans les discours sociétaux tenus par les éducateurs. Le sens des développements narratifs est cependant évident : tout système qui s’enferme dans le renforcement des inégalités porte en lui les germes de la rébellion. Cette quête « politique » de liberté est mise en images par Carole Maurel, qui enchaîne décidément les projets. Du reste, son style semi-réaliste infographique est au point en matière de séquençage, d’équilibre des cadrages et des proportions… mais l’auteure s’attarde peu sur le peaufinage, ou les détails des cases, laissant son trait plus proche du rough que du produit fini. Cela ne nuit cependant pas au plaisir de lecture, et on reste curieux de découvrir la manière dont la révolution va s’articuler dans le tome 2 à venir…