L'histoire :
Dans l'Amérique de 1973, un fossé s'observe entre la modernité urbaine et la ruralité archaïque de la campagne profonde. En quittant la ville pour un petit village, les parents d’Yvon et son frère pensent bien faire. Mais rien ne se passe comme prévu. Plus les jours passent et plus le climat familial devient hostile et insupportable. Yvon a soif de bagarre, de vengeance. Il est haineux, il fait le rebelle et se joue de provocation. Certes, sa mère n’est pas tendre avec lui et son frère. Il y a la violence verbale, mais pas que. Yvon doit aussi apprendre à esquiver les coups pour éviter de « casser », comme il dit ! Les deux garçons désertent de plus en plus la maison pour s'éloigner des cris et disputes devenus incessants. En quête d’aventures, ils s’inventent des jeux, des défis avec le « clan » adverse au milieu de cette campagne devenue un terrain propice à leur vie imaginaire. Il va petit à petit s’éprendre de la nana peu sympathique et moqueuse de la bande rivale. Il est en pleine croissance et en plein changement corporel. Il découvre les filles, le corps des femmes dans les magazines. Les deux frères n’ont, à ce moment, pas encore conscience qu’ils se construisent une vie, une identité. La « vraie », celle qui va les forger à jamais...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2017, nous découvrions Yvon Roy à travers une autobiographie bouleversante, Les petites victoires, ou le regard attendri d’un père pour son fils autiste, avec un point d’honneur sur la différence, la tolérance et l’accompagnement des familles concernées. Avec ces Graines de bandits, on est à nouveau face à un récit intimiste qui retrace une partie de sa vie, son adolescence notamment. La chronique sociale se focalise sur un propos simple et universel : quand les drames de l’enfance construisent les adultes de demain. Derrière une couverture joliment colorée, les bulles intérieures sont cependant monochromes. Le noir et blanc accentue l'aspect « retro » des souvenirs (nous sommes ici au début des années 70) et malgré la griffe artistique semi-réaliste, ce parti-pris accorde au récit une dimension authentique. Yvon Roy nous livre une nouvelle BD touchante. Une réplique semble très assortie à cette lecture : « La vie c’est comme la boxe, il faut rester debout, encaisser les coups et apprendre à vivre avec des cicatrices ». A méditer...