L'histoire :
L’infinity eight, vaisseau interstellaire titanesque, traverse le cosmos à warp 88 (soit un million et demi de fois plus vite que la lumière), emportant avec lui des millions de races extraterrestres aux allures, aux mœurs et aux atmosphères différentes. Lorsque soudain, une nécropole géante flottant dans l’espace, de la taille d’un système solaire, inquiète le capitaine. Il arrête le vaisseau et lance un « protocole 8 » : 8 agents spatiaux vont tour à tour explorer une trame temporelle de 8 heures pour enquêter sur ce phénomène. A chaque fois, un reboot fera revenir l’expérimentation au point zéro. Cette fois, la mission est confiée à une humaine à coupe afro, Patty Stardust, alors qu’elle était infiltrée au sein d’un groupe de hippies révolutionnaires : la guérilla symbolique. Le leader de ce mouvement « artistique », Ron Digger, promet pour bientôt un happening retentissant retransmis sur l’ultranet. Mais plus que cette convocation urgente dans le poste de commandement, ce qui agace Patty, c’est ce blogueur aux 837 millions de followers qui la suit partout, en mode reportage. Elle s’en débarrasse puis au terme du brief de sa mission, s’équipe de sa combinaison, de son casque-bulle et de son mégaboard, pour une sortie dans l’espace…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au terme de ce 4ème album, nous sommes donc à mi-chemin des 8 albums prévus pour la série-concept Infinity eight… et nous n’avons toujours pas l’explication à l’apparition de la nécropole géante qui flotte dans le cosmos. Parions que Lewis Trondheim et ses scénaristes associés nous ferons mariner jusqu’aux dernières pages du dernier tome pour nous éclairer sur ce point. Classiquement, désormais, ce tome 4 met en scène une nouvelle femme d’action athlétique et sexy, pour l’exploration d’une nouvelle trame temporelle, sur fond d’un nouveau complot ethnico-politico-social. Le scénariste Kris apporte en effet sa touche personnelle en imaginant un mouvement hippie et artistique aux velléités révolutionnaires, dont la promotion serait assurée par la puissance des réseaux sociaux du futur. Il est question d’un happening qui va changer la face du monde ; il est question de manipulation, de trahison, d’agent double ; il est aussi question du club des 27 (les rockeurs morts à 27 ans : Jimi Hendrix, Kurt Cobain, Jim Morrison…). La narration de Trondheim et Kris entremêle tous ces aspects au fil des considérations de SF débridée façon série B, avec force explosions, tirs lasers et assassinats cruels. On note le court flashback amusant, caricaturant Kris himself dans son propre rôle. Cet épisode de 88 planches est dessiné par Martin Trystram, dans une veine artistique parfaitement raccord avec la charte graphique entrevue jusqu’à présent et définie par Olivier Vatine : colorée, kitsch et débridée, avec un nuancier enthousiasmant de décors variés et d’espèces extravagantes.