L'histoire :
Début, 1917, Petrograd. A l'époque, le Tsar Nicolas II a perdu de son prestige. Le moral des troupes russes est au plus bas, alors que la Grande Guerre peine à trouver une issue. Les révoltes populaires se multiplient. Les représailles contre la population sont de plus en plus sanglantes. Les révolutionnaires menés par Lénine attendent leur heure. C’est dans ce contexte que Volodia, un jeune soldat séduit par les idées bolcheviques, et Anastasia, fille du tsar, sont épris l’un de l’autre. Ils participent à des manifestations dont ils échangent avec un certain Joseph Staline. Alors qu’Anastasia rejoint le palais impérial, elle confesse son amour pour Volodia et informe son père qu’elle va quitter le palais pour se mêler à la foule. Face à cette décision, le tsar propose un deal à sa fille : il va mettre fin à cet état policier en signant les réformes voulues par le peuple. De son côté, Joseph Staline retrouve Anton Pavlovitch. Le Tsar a mis fin à l’Okhrana, les services secrets russes, auxquels ils appartiennent tous deux. Face à la menace de divulgation de sa réelle identité, Staline décide de liquider Anton…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur la thématique de la révolution rouge, il y a eu récemment la Mort de Staline, puis Mort au Tsar qui jouait sur la carte de l’absurdité. Il y a aura désormais Kamarades. Cette nouvelle sortie des éditions Rue de Sèvres, l’éditeur qui prend des risques, joue au contraire la carte de l’histoire d’amour dans un contexte historique sanglant. Volodia aime Anastasia. Anastasia aime Volodia. L’un est soldat, l’autre est la fille du Tsar. Avec cette romance totalement fictive, on ne peut s’empêcher de penser au grand film de David Lean, Docteur Jivago. La dimension sentimentale occupe l’espace narratif. En toile de fond, la Révolution gronde. Le peuple a faim. Les manigances de pouvoir sont omniprésentes avec Staline et Lénine qui se battent pour incarner le renouveau. Le récit ne manque pas d’intérêt et transporte son lecteur dans ce monde nébuleux qui se terminera dans un bain de sang. Benoît Abtey – ici aidé au scénario par Jean-Baptiste Dusséaux – s’éloigne de son style narratif incisif des Origines d’Arsène Lupin pour un style plus romanesque et épique. Mayalen Goust, dont c’est le premier galop d’essai en tant que dessinatrice, montre de réelles aptitudes graphiques. Son trait tout en élégance et légèreté rafraîchit ce contexte qui s’alourdit au fur et à mesure des planches. On aurait aimé plus de détails dans certaines cases pour donner plus de volume à l’ensemble. Rendez-vous est pris pour le deuxième tome !