L'histoire :
Depuis un terrible accident de montagne, le vieux guide Isaïe n’a plus toute sa tête. Il se contente donc de faire le berger avec ses brebis, dans les environs de sa vieille ferme isolée. Il y vit avec son jeune frère Marcellin, de plus de 20 ans son aîné. Marcellin est son unique famille et son unique éducateur, depuis que leur mère est morte en couche, le jour même de la naissance de Marcellin. Mais Marcellin est jeune, il a la vie devant lui et il ne compte pas rester isolé dans la montagne avec des moutons et son vieux frère simplet… Il a logiquement des envies de s’installer à la ville, d’ouvrir un commerce. Mais pour cela, il faut de l’argent ! Alors il tente bien d’expliquer à Isaïe qu’il leur faut vendre la ferme pour ça… Mais c’est tout simplement impossible pour Isaïe : cette ferme a été bâtie par le père de leur père ! Ils sont tous nés ici ! Marcellin n’en a cure : qu’Isaïe le veuille ou pas, il ne peut pas s’opposer à la vente de ses parts à lui. Les deux frères se disputent. Un évènement va alors les sortir de leur chamaille : un avion de ligne vient de s’écraser au sommet d’une montagne proche. Un avion venu d’Inde ! Or même si en plein mois de novembre, les chances de retrouver des survivants sont minimes, une expédition de sauvetage est en train d’être lancée, notamment pour récupérer le courrier. Cette expédition est menée par Servoz, un ancien confrère d’Isaïe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, La neige en deuil est un roman dramatique d’Henri Troyat (1952), inspiré de l’authentique accident du Malabar Princess, un avion de ligne indien, dans les Alpes. Ce roman et sa tragique anecdote étaient tellement forts, qu’Hollywood en a rapidement réalisée une adaptation cinéma (1956). Dominique Monféry en propose aujourd’hui une version BD, qui magnifie tout autant la puissance de la montagne, la cupidité et la folie des hommes. C’est l’histoire assez classique d’un conflit de génération mettant en scène deux frères, Marcellin et Isaïe. Un jeune et un vieux, un cupide et un fou, un qui a éduqué l’autre, un qui trépigne d’entreprendre et l’autre qui se replie sur lui-même, un qui se projette dans futur et l’autre qui ne vit que dans le passé. C’est aussi l’histoire d’un sauvetage impossible, inutile et infernal, qui vire à la démence meurtrière. Les paysages de montagne dessinés par Monféry sont dantesques et viennent en appui à la matière première du récit de Troyat, de première bourre. On ressort de cet album bouleversé par la noirceur de la tournure des évènements. Et on allume un bon feu de cheminée pour ensuite s’enrouler dans un plaid devant.