L'histoire :
Été 1935, La Panne (Belgique). Un match de tennis oppose Van Dessel à un jeune français en vacances. Ce dernier remporte la partie, haut la main et gagne le prestigieux tournoi du 104. Cet homme s’appelle François Mitterrand. Il a la victoire humble en précisant que son adversaire était blessé à une jambe. Mais Mitterrand est soucieux. Les nouvelles concernant l’état de santé de sa mère ne sont pas très rassurantes. De retour à Paris, François Mitterrand reprend le chemin de l’Université, en deuxième année de droit. Il exprime déjà un certain catholicisme social. Il milite pour la cause éthiopienne, suite à l’invasion italienne dirigée par Benito Mussolini. Son professeur de droit, Gaston Jèze, républicain et anti-colonialiste, est accueilli par les étudiants protestataires d’Extrême Droite. 12 janvier 1936, la mère de François Mitterrand décède. Mars 1936, François manifeste contre Jèze, aux côtés de l’Action Française, un mouvement nationaliste et royaliste dirigé par Charles Maurras. Cet homme, athée, lance de véritables appels au meurtre contre ceux qui ne partagent pas ses opinions. Pour Mitterrand, cette alliance est de pure circonstance. Une position bien nébuleuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant François Mitterrand Président de la République, il y a eu un homme qui s’est construit politiquement, années après années. Sur la fin de sa vie, des vieux dossiers sont ressortis : ses années d’activisme avec l’Action Française, son engagement dans le gouvernement de Vichy (René Bousquet), sa fille cachée Mazarine, le mystérieux suicide à l’Élysée de son conseiller François de Grossouvre... L’homme était complexe sur bien des aspects. Philippe Richelle, à qui l’on doit les Mystères de la 3ème, 4ème et 5ème République, est le scénariste idoine pour évoquer la décade 35-45 de Tonton (surnom donné par Le Canard Enchaîné, évoquant son nom de code pendant la seconde guerre mondiale). Jamais, le scénariste ne juge le personnage, à travers ses textes bien documentés. Il se borne à raconter les faits dans une fiction passionnante de bout en bout. Il dresse le portrait d’un homme charismatique, brillant et froid, qui hésite à ses débuts entre l’écriture et la politique. Il relate ses contradictions entre son rôle dans l’administration de Vichy (sa fascination pour Pétain, qu’il juge n’être en aucun cas un collaborateur) et celui de Résistant (il a notamment participé à l’évasion du Général Giraud). Son goût pour la gente féminine n’est pas occulté : Mitterrand était un séducteur devant l’éternel, faut-il le rappeler ! Frédéric Rébéna illustre tout en crayonné cette biographie. Son trait vif et précis donne une vraie expressivité aux personnages. Même si, quelquefois, on se perd un peu dans l’histoire, mais on finit toujours par se raccrocher aux branches du récit. Les deux auteurs signent là un ouvrage politique dense qui nous en apprend sur le personnage (qui adorait Corto Maltese !) et ses convictions pas toujours faciles à décrypter. À vous de juger !