L'histoire :
Vendredi 15 décembre 2006. Antoine ferme son atelier de lutherie. Un écriteau sur la porte indique : « C'est fermé. A bientôt. » Il prend un journal au kiosque et s'effondre subitement dans la rue. Dans le journal, un article portant le titre : « Un traître au sein de l'IRA ». L'homme se rappelle la première fois qu'il a vu « Mon traître ». C'était le samedi 9 avril 1977, aux toilettes du bar Thomas Ashe, à Belfast. Antoine, luthier parisien, était là de passage pour Pâques. De retour dans le bar, Jim son pote, accompagné de Cathy, lui avait dit que l'homme au côté duquel il pissait, était Tyrone Meehan, une figure locale, sans qu'il ne lui en dise plus. La soirée avait continué dans le bar, au rythme des chansons irish, avec la Guinness qui coulait à flots et les pintes qui s'entrechoquaient. Dehors, les blindés britanniques arpentaient les rues à la recherche des rebelles irlandais. De retour à la maison, Jim lui avait parlé de Tyrone Meehan, responsable de l’IRA, vétéran de tous les combats contre les britanniques. Le lendemain, Antoine rencontrait Pierre, joueur de violon qui revenait sur James Connolly, un patriote irlandais, qui avait été fusillé par les britanniques en 1916, après l'insurrection de Pâques. Député, il avait attaqué la Grande Poste du Dublin, avec ses hommes, pour en faire un quartier général...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ses premiers pas chez l'éditeur Rue de Sèvres, Pierre Alary frappe fort en adaptant Mon traître, le roman de Sorj Chalandon, paru chez Grasset en 2008. Cet écrivain et journaliste a reçu, excusez du peu, le prix Albert-Londres, le prix Médicis, le grand prix du roman de l’Académie Française ou encore Le prix Goncourt des lycéens ! Pierre Alary s'empare du texte corps et âme en l'adaptant au format bande dessinée, avec une narration en deux temps. D'un côté, on retrouve l'histoire du point de vue d'Antoine, qui raconte sa progression au sein de la cause irlandaise, jusqu'à devenir un point de contact à Paris (Affaire des irlandais de Vincennes évoquée). De l'autre, des pages de compte-rendu d'interrogatoire de Tyrone Meehan, tapées à la machine, viennent rythmer les prises de paroles graphiques d'Alary, focalisées sur les personnages. La tension émotionnelle monte crescendo au fil des pages, avec la résistance, l'amitié, la mort, la tristesse et... la traîtrise, comme thématiques. Oui, Tyrone Meehan était vu comme un traître aux yeux des irlandais, mais est-ce là l'essentiel ? En trahissant ses idéaux, a-t-il trahi ses amis par la même occasion ? Vous le saurez en lisant cet album (et en écoutant du Rory Gallagher ou en regardant le mythique Au nom du père de Jim Sheridan, avec Daniel Day Lewis) qui montre tout le talent de Pierre Alary en tant qu'auteur complet (scénariste-coloriste-dessinateur) pour la première fois...