L'histoire :
Le métro parisien, c'est « has been », réservé aux laissés-pour-compte rejetés de cette (nouvelle) société. Désormais, en l'an 2119, à Paris comme ailleurs, on se déplace en Transcore, une cabine individuelle de téléportation. Mais Tristan refuse que les humains soit réduits à néant au profit de la robotique. Il ne veux pas être scanné et numérisé à chaque coin de rue. Il est un peu en marge et préfère prendre le métro, marcher dans les rues et vivre encore un peu comme dans l'ancien temps, celui de ses parents. Il se met en totale opposition avec Kloé, sa compagne qui, elle, profite de cette modernisation digitale, de la téléportation, pour voyager partout. Kloé ne supporte pas que Tristan emploie un vocabulaire « rétro », qu'elle qualifie de « louche ». A force de ballade et d'observation, un événement va le perturber et éveiller ses soupçons. Une rencontre avec une femme différente, et de fait troublante. Un sentiment d'inquiétude va naître en lui. Il va observer et questionner au gré de discussion cette inconnue et ainsi découvrir des révélations inquiétantes. Il doit maintenant essayer de convaincre Kloé de le croire, de l'écouter et lui prouver sa découverte... Cependant, il va aussi falloir être très méfiant, car à fouiller où il ne faut pas, il va s'attirer certaines foudres... Et si on leur avait caché une lourde vérité ? Et si le transcore n'était pas qu'un simple moyen de transport ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Encore une fois, le papa de Titeuf nous propose un récit adulte. Encore une fois, Zep nous surprend, à l'image de The end, également paru chez Rue de Sèvres en 2018. On savoure ici un récit d'anticipation, une extrapolation du futur par une météo incessamment pluvieuse (ha le dérèglement climatique...) dans lequel persistent quelques vestiges du siècle passé. Comme le Métro, tel qu'on le connaît aujourd'hui et depuis des décennies, symbole de Paris. A l'instar des récits fictifs et futuristes connus, tels que ceux de Bilal par exemple (Bug se passe en 2041), le duo évoque un futur pas si éloigné de notre présent, au final. 100 ans, c'est demain ! On retrouve au fil des pages quelques pointes d'humour et des petits clin d'œil à Retour vers le futur, par exemple (pour rappel, le 1er volet volet est sorti en 1985), un monument dans le domaine du cinéma d'anticipation. C'est le genre de film à (re)regarder après cette lecture, et qui offre l'opportunité de se dire, l'air pantois, « il avait vu juste… ». S'ajoute aussi à ce récit une légère touche nostalgique, parce que si notre vie future ressemble à cette fiction, quelle tristesse ! L'album porte un message, une modeste « morale » qui fait réfléchir à l'importance de « l'Humain » au sens large. Il est primordial dès aujourd'hui de se sociabiliser et de se préoccuper d'autrui. Aux côtés de Zep au scénario, maîtrisé et captivant, Dominique Bertail nous régale de son trait... parfait. Ce bordelais d'adoption est retourné se promener dans la capitale d'où il est originaire, afin de s'immerger et d'extrapoler le futur des lieux emblématiques, qu'ils soient sanctuarisés par leur attrait touristique, ou qu'il s'agisse des bas-fonds. Le tout donne un ensemble sublime, propice à la réflexion, et un récit qui appellerait presque une suite.