L'histoire :
Ce matin-là, le réveil de Jo n'a pas fonctionné. La veille, il a voulu savoir à quoi ressemblaient les minutes, les heures et les secondes. Elles sont enfermées dans son réveil, or il veut les découvrir. Il prend donc un ouvre-boîte, casse son réveil, sans pour autant réussir son coup. Agacé, il jette son réveil par la fenêtre, qui atterrit avec fracas sept étages plus bas. Et il retourne se coucher. Mais le soleil se lève et sa maman, Madame Chattemite, qui n'a pas besoin de réveil pour se lever, s'aperçoit que son fils n'est pas debout et qu'il risque d'être en retard. Elle le réveille avec un doux baiser. Mais Jo n'aime pas les baisers. Pire que ça, même : il déteste qu'on l'embrasse ! C'est pour lui la chose la plus énervante du monde ! Il se précipite dans la salle de bain, le poil hérissé. Il ne se lave pas non plus. Il n'aime pas ça. Et il ne se lave pas les dents non plus. Cela l'agace. Alors, il fait couler l'eau dans l'évier, mouille son gant de toilette, frotte sa brosse à dents contre l'évier (pour déjouer les oreilles indiscrètes). Et il s'installe avec une bande dessinée un peu humide qu'il a cachée derrière la baignoire. Sa maman lui a repassé ses affaires, ce qui rend Jo encore plus mécontent. Il déteste être si propre sur lui ! Madame Chattemite est dépassée par les colères de son fils... Comment continuer à lui témoigner son amour ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mathieu Sapin adapte au format bande dessinée le célèbre roman de Tomi Ungerer (à qui l'on doit Jean de la lune ou encore Les trois brigands). Le roman, publié chez l'Ecole des loisirs, poursuit sa vie et se renouvelle auprès du lectorat, au sein de la maison d'édition associée Rue de Sèvres. Les passerelles sont nombreuses entre l'Ecole des loisirs et Rue de Sèvres. On retrouve par exemple récemment des adaptations comme La longue marche des dindes et le catalogue des romans jeunesse est réutilisé par des auteurs BD qui se l'approprient avec un autre médium. Ici, Mathieu Sapin a été très fidèle à l'œuvre d'origine, sans doute pour lui rendre hommage comme il faut. Mais parfois, cela est véritablement trop proche, et on peut avoir du mal à percevoir ce que la bande dessinée apporte de nouveau à Pas de baiser pour maman, si ce n'est... une nouvelle visibilité. Graphiquement, l'auteur reprend les mêmes traits, le même travail des ombres que dans le roman illustré. Scénaristiquement, le personnage de Jo, colérique, se place dans l'opposition permanente. Il rejette sa famille et sa mère en particulier. Celle-ci se retrouve désemparée et tiraillée car elle ne sait pas comment continuer à témoigner son affection à son fils, alors qu'il grandit et s'agace de ces étreintes et baisers. Une histoire qui met en avant les difficultés rencontrées au sein de la famille, entre les parents et leurs enfants, mais qui reste parfois « datée » dans les représentations familiales des rôles du père et de la mère.