L'histoire :
En octobre 2016, Irina, 15 ans, se pose de curieuses questions sur d’éventuelles amnésies passagères. Elle demande à sa meilleure copine Carla s’il est possible d’oublier des « choses » qu’elle ferait avec quelqu’un. Carla ne comprend pas trop pourquoi Irina se prend la tête avec ce genre de questions. Le 7 mars 2017, les inspecteurs Tabares et Sotillo sont appelés à l’appartement des parents d’Irina. Ils viennent de retrouver l’adolescente morte allongée sur son lit, la porte fermée de l’intérieur. Tout porte à croire qu’elle s’est suicidée. Etonnamment, Tabares et Sotillo ne trouvent aucune trace ni de son téléphone portable, ni de son ordinateur au domicile. C’est en croisant Carla, effondrée, qu’ils récupèrent sa tablette, qu’elle avait oubliée chez elle la veille de sa mort. En débloquant le mot de passe, ils accèdent au contenu du portable. Un dossier caché contient des photos clairement pornographiques de l’adolescente. L’interrogatoire des professeurs leur apprend aussi qu’Irina avait tendance à paraître somnolente, comme drogué sous tranquillisants. Ils apprennent encore qu’elle a été adoptée à l’âge de 2 ans et qu’elle est originaire des pays de l’Est. Ils poussent le juge à mettre les parents, un peu trop innocents, en garde-à-vue. Mais le juge prend de curieuses décisions qui finissent par nuire à la procédure…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il aura fallu 7 ans à Miquelanxo Prado pour proposer un second tome à ce qui devient, de fait, une série d’enquêtes policières indépendantes. Dans le premier opus, réalisé en noir et blanc, le duo de héros, l’inspectrice zélée Olga Tabares et son adjoint docile Carlos Sotillo, enquêtaient sur un scandale bancaire s’en prenant à de petites gens. Ce second volet peut se lire indépendamment du T1 et fraye avec une affaire encore plus sordide. Bienvenu dans le milieu croustillant du trafic d’images pédopornographiques, des psychotropes type burundanga et du harcèlement via réseaux sociaux. D’interrogatoires en débriefings, nos deux enquêteurs mènent assidument les débats, faisant monter la tension quant à la juste et laborieuse élucidation de l’affaire, tout au long des 75 pages. L’intrigue se concentre surtout sur les aspects juridiques retors et sur les manipulations des coupables et des complices, au sein même du système juridique, avec quasiment aucune scène d’action (à un « accident » de voiture près). Le rapport complexe entre les deux flics, empêtrés entre amitié et soumission hiérarchique, allège secondairement le propos. Prado dessine cela désormais en couleurs directes, à l’aide d’une griffe semi-réaliste… mais des couleurs étonnamment très sombres ! Cela ne jure certes pas avec le registre policier.