L'histoire :
Mercredi 4 avril 2007. Tyrone Meehan, figure mythique de l’IRA, a été dénoncé par les Anglais. Considéré comme un traître à la cause nationaliste irlandaise aux yeux des siens, il décide de prendre la plume pour laisser une tracer, mais non pour expliquer ou avouer quoi que ce soit. Il préfère prendre les devants, en sachant que d'autres vont baver sur lui. Tyrone raconte... En 1921, son père Pat Meehan était volunteer, soldat de la brigade du Donegal de l'IRA, refusant la création de l'Irlande du Nord. La guerre perdue, il se mit à boire et à battre ses enfants, comme pour expier sa violence intérieure. Le 8 mars 1925, Tyrone naît et rejoint la fratrie. Mais la violence est toujours là, chez Pat. Il veut rejoindre les Républicains en Espagne pour faire la guerre. Au final, il reste ici, devenant un pilier du bar, le plus grand buveur de stout jamais né sur la terre du Donegal. En décembre 1940, il est retrouvé mort, des cailloux dans les poches, sur le chemin qui mène à la mer. Sa mère décide d'aller de l'autre côté à Belfast où habite son oncle, le frère de sa mère. Il possède deux maisons côte à côte et ils vont habiter dans l'une d'elles. C'est là, dès le premier soir, qu'il fait la connaissance de Sheila Costello, sa voisine âgée de 14 ans, qui deviendra, des années plus tard, son épouse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il fallait battre le fer tant qu'il était encore chaud. C'est ce que s'est dit Pierre Alary quand il a embrayé sur l'adaptation de Retour à Kyllibegs de Sorj Chalandon, Grand Prix de l'Académie Française en 2011, après avoir déjà adapté Mon traître. On avait en effet quitté Tyronne Meehan dans les turpitudes de sa culpabilité. Et force est de constater qu'on replonge avec un plaisir non dissimulé dans l'histoire de ce traître. En continuant sur la lancée, Pierre Alary a bien fait, permettant de lire d'une trait(r)e l'histoire de Tyronne Meehan, des deux côtés du miroir. N'y allons pas par quatre chemins, c'est passionnant de bout en bout, grâce à la narration rythmée par épisode et les flashbacks qui éclairent de toute leur lumière, avec tous ces hommes qui meurent à son contact. Pierre Alary interprète les mots de Sorj Chalandon avec beaucoup de finesse et de subtilité, rendant grâce à ce merveilleux roman. Sa voix off pénétrante procure l'étrange sensation d'être Tyronne Meehan, comme pour mieux comprendre les raisons qui l'ont poussé à endosser son costume. La patte graphique et la monochromie oscillant du vert à l'ocre, au carmin et au gris, augmente l'intensité psychologique du récit jusqu'à l'inéluctable, clôturant ce diptyque de haute volée. ÉIRINN GO BRÁCH ! IRLANDE POUR TOUJOURS !