L'histoire :
Warren et Héloïse vivent leur dernière journée de lycée avant d'entamer une nouvelle étape de leur vie à l'université. Amis inséparables depuis l'enfance, ils prennent chaque jour le même bus pour se rendre en cours. Mais lors de l’ultime trajet retour, Héloïse annonce à Warren qu'elle va s'installer en ville l'année prochaine. Pour financer son logement, elle s'est inscrite au programme Sentai, qui permet de gagner de l'argent en accomplissant des missions plus ou moins héroïques. Éperdument amoureux d'Héloïse, Warren décide de suivre ses pas, au grand étonnement de ses parents. En effet, il n'a aucun besoin financier, grâce à une bourse d'études obtenue en tant que major de promotion. De plus, il n'a jamais montré le moindre intérêt pour le passé glorieux de son père, ancien Sentai de l'âge d'or des méchas. Agacé de voir ses décisions remises en question par sa famille et terrifié à l'idée de perdre de vue Héloïse, Warren accepte l'offre que lui fait un collègue lors de sa première mission : emménager avec Héloïse dans une colocation où tous les membres sont également des Sentai.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un monde où l'âge d'or des sentai (les escadrons de combat) est révolu et où les kaiju (les monstres ou robots géants) ne sont plus qu'un lointain souvenir, les héros ont troqué leurs exploits épiques contre de petites missions récupérées via leur téléphone. Notés pour leurs prestations, ils ne sont plus que des travailleurs précaires d’un nouveau genre. C’est dans cet univers que Mathieu Bablet et Guillaume Singelin réinventent avec brio le genre du sentai, le projetant dans une modernité qui fait écho à nos préoccupations contemporaines. Au cœur du récit, une bande de colocataires aux personnalités contrastées. Jeunes adultes en quête de sens, ils jonglent entre leurs missions et les réalités du quotidien : cours à la fac, responsabilités naissantes, sexualité, impact de leur existence sur la société, ou encore marchandisation de soi à travers les réseaux sociaux. Cette exploration de thèmes universels et actuels enrichit considérablement la lecture, apportant une profondeur inattendue au récit et l’élevant au-delà du simple hommage au genre. Graphiquement, chaque case mérite qu'on s'y attarde. Le dessin, entièrement en noir et blanc, regorge de détails, tandis que les combinaisons des héros, seules touches de couleur, captent immédiatement l’œil. Ce choix esthétique confère à l’œuvre une identité visuelle forte, à la croisée du rétro et du moderne. On retient également les passages empreints de poésie, où Warren se surprend d’admiration pour Héloïse.